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Une thèse du laboratoire au terrain


Lucas RICHARD
Lucas RICHARD

2 prix de thèse UGA -  Innovation et RSE

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Peux-tu nous présenter ton parcours et pourquoi as-tu décidé de faire une thèse ?

J’étais bon élève au lycée et j’aimais beaucoup les sciences, je me suis donc retrouvé un peu par hasard en prépa PSI à Lyon. En réalité, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et ce choix n’était même pas mon premier car j’ai été refusé dans une école d’ingénieur post-bac. J’ai passé 2 belles années en prépa où j’ai pu m’épanouir intellectuellement, malgré la pression. Après ces 2 années, j’ai intégré l’ENS Paris-Saclay, dans le département Sciences de l’ingénieur, puis Génie Electrique. Là encore, le destin a bien fait les choses, puisque j’ai été refusé de quelques points dans une école d’ingénieur beaucoup plus généraliste, qui à posteriori m’aurait beaucoup moins convenu.

Après 2 années à l’ENS, avec exclusivement des matières scientifiques, j’ai eu la chance de pouvoir faire 2 années de pause entre mon M1 et mon M2. La première, j’ai fait 10 mois de stage dans un laboratoire de recherche en Australie. Une très belle première expérience à l’étranger. Ensuite, j’ai enchainé avec 6 mois de stage à Madagascar avec l’entreprise Franco-Malgache Nanoé, qui œuvre dans le secteur de l’électrification rurale. Puis 6 mois de « pause » où j’ai voyagé et profité de la France.

Le retour sur les bancs de l’école a été un peu dur, mais en parallèle, on était en discussion avec Nanoé pour monter une thèse CIFRE et continuer mon travail de stage. J’ai été entièrement intégré au montage de la thèse (recherche du labo partenaire, définition du sujet, discussion avec les encadrants, etc.) et ce fut extrêmement enrichissant. Faire une thèse pour moi était donc l’opportunité parfaite de concilier une problématique qui me tient beaucoup à cœur (l’accès à l’électricité) et un désir fort d’améliorer mes connaissances techniques et scientifiques.

 

En quoi consiste ta thèse en quelques mots ?

Ma thèse s’inscrit dans le modèle d’électrification rurale pour l’Afrique Sub-Saharienne, proposé par Nanoé. Ce modèle propose pour les zones rurales Africaines de construire progressivement des infrastructures électriques décarbonées et décentralisées du « bas vers le haut », en s’appuyant sur les énergies renouvelables, l’entreprenariat local et les technologies de l’information. Concrètement, Nanoé forme gratuitement pendant 4 mois des entrepreneurs locaux à l’installation et la maintenance de petits systèmes électriques solaires, autonomes et collectifs, qui alimentent 4 à 6 foyers en courant continu. On appelle ça des « nano-réseaux ». Nanoé en a déjà installé plus de 2 500 dans le nord de Madagascar, avec 11 000 foyers raccordés. Ma thèse, en partenariat avec le laboratoire de Génie Électrique de Grenoble – le G2ELab, s’attaque à l’interconnexion de ces nano-réseaux dans un micro-réseau à l’échelle d’un village, afin d’améliorer et de fiabiliser le service électrique pour les villageois. Je devais donc concevoir un micro-réseau (architecture et contrôle), du laboratoire au terrain, puisque cette thèse avait la particularité d’avoir de fortes attentes terrain, avec l’installation d’un micro-réseau à Madagascar comme principal objectif de la thèse.

 

Quelles sont les forces d’une thèse industrielle sous financement CIFRE ?

Personnellement, il était clair qu’une thèse CIFRE était ce qui me convenait. J’ai toujours voulu travailler sur des problématiques très concrètes et ai toujours aimé aller sur le terrain. La thèse CIFRE, pour mon cas, a permis de conjuguer un encadrement scientifique et des plateformes expérimentales de haut niveau avec une problématique concrète qui avait une réelle importance aux yeux de l’entreprise. J’ai donc eu la chance de pouvoir à la fois connaitre le monde académique en profondeur ainsi que le monde de l’entreprise. Cela m’a permis d’apprendre énormément et d’avoir une vision très large du secteur de l’innovation technologique. De plus, l’émulation entre le monde académique et industriel lors de cette thèse a mené à une thèse aux résultats marquants, dont l’installation avec succès d’un micro-réseau à Madagascar, et qui a été récompensée par plusieurs prix (Gagnant de la compétition Empower a Billion Lives II et 2 prix de thèse UGA -  Innovation et RSE).

 

Quel est ton travail aujourd’hui ? Et quelles sont tes principales satisfactions ?

Je continue à travailler avec Nanoé. Suite à la preuve de concept du micro-réseau réalisé lors de cette thèse, il reste (et ce n’est pas le plus simple !) à rendre mature, à industrialiser notre technologie de micro-réseau. Je vais donc continuer dans les prochaines années à travailler sur les micro-réseaux, avec entre autres, l’industrialisation d’un convertisseur d’électronique de puissance, la définition de process d’installation et de maintenance de micro-réseaux, la création de nouvelles offres de services pour les villageois, la création d’une formation micro-réseau pour les entrepreneurs locaux, etc. J’estime avoir une grande chance de pouvoir réaliser de A à Z (et aussi dans des domaines transverses, technique, commercial, logistique, etc.) le développement d’une technologie. A mes yeux, c’est le graal pour un ingénieur. Je vais d’ailleurs m’installer à Madagascar à partir d’aout 2024 pour continuer ces travaux. De plus, je vais continuer à avoir un pied dans le monde de la recherche puisque l’on a 2 thèses CIFRE Nanoé-G2Elab qui vont commencer en septembre 2025. J’espère continuer à pouvoir naviguer entre le monde académique et le monde industriel.

 

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui hésiterait à se lancer dans une thèse ?

Premièrement, il ne faut pas faire une thèse par défaut, en choisissant une thèse parce que l’on n’a rien d’autres ou que l’on ne sait pas ce qu’on veut faire. Une thèse, c’est long et il faut être sûr que le sujet, l’encadrement et le laboratoire d’accueil te conviennent. Ensuite, je conseille vraiment d’avoir pris le temps de faire « autre chose » avant de commencer une thèse, par exemple une année de césure pendant les études, travailler en entreprise à la fin des études. On n’est pas obligés de commencer une thèse dès la fin du master, à 22/23 ans !

Enfin, il faut considérer la thèse comme un vrai travail et non pas comme des études. La thèse, c’est un travail à temps plein où l’on vient mobiliser énormément de compétences (gestion de projet, connaissances techniques et scientifiques, expression écrite et orale, relationnelle, etc.), ce n’est pas juste la poursuite des études comme on peut l’entendre quelques fois. Par contre et il ne faut pas l’oublier, une thèse réussie, c’est une thèse où l’on a beaucoup appris, peu importe les résultats. Il faut toujours apprendre de nouvelles choses durant la thèse !

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