Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Pourriez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a motivé à faire une thèse ?
Au lycée, je voulais travailler dans la robotique, dans la conception de robots. La voie des écoles d’ingénieur m’a donc paru évidente, et j’ai intégré l’Université de Technologie de Compiègne par la prépa intégrée. J’ai obtenu un diplôme d’ingénieur en informatique avec une spécialisation en systèmes temps réel et informatique embarquée, mêlant informatique bas niveau, automatique et robotique. Dans ma dernière année d’école d’ingénieur, j’ai aussi poursuivi un master de robotique en parallèle.
En 4ème année, j’ai réalisé un stage dans un département de recherche et développement d’une entreprise. À cette occasion, j’ai pu discuter avec des docteurs et l’idée de faire une thèse a commencé à germer. L’idée que je me faisais du métier d’ingénieur était qu’il portait plutôt sur la conception, en se basant sur des méthodes déjà existantes, plutôt que l’exploration, et ce dernier point m’intéressait de plus en plus.
C’est pendant mon stage de recherche en fin de master que je me suis décidé à faire une thèse, en découvrant de l’intérieur un laboratoire de recherche.
Pourquoi avoir choisi de faire une thèse après l’école d’ingénieur ?
J’ai choisi de faire une thèse après mon école d’ingénieur parce que l’aspect recherche m’intéressait : mener un projet exploratoire, résoudre un nouveau problème, et la stimulation intellectuelle permanente. J'ignorais encore ce que je ferais une fois le doctorat en poche, mais ces aspects me séduisaient, que ce soit en laboratoire de recherche et développement privés ou en laboratoire public. Dans tous les cas, l’obtention d’un doctorat peut ouvrir plus de portes, et permet aussi d’accéder à la recherche académique, inaccessible sans ce diplôme.
Le diplôme d’ingénieur en informatique m’a donné des capacités de résolution de problème, des bases en robotique et en traitement capteurs, nécessaires pour ma thèse. J’ai aussi acquis des compétences techniques très utiles pour ne pas être freiné par l’implémentation des méthodes élaborées pendant la thèse. Ce point est d’autant plus important que dans ma thèse, la partie développement informatique était essentielle pour obtenir des résultats.
Comment avez-vous vécu votre doctorat ?
On n’en parle pas assez quand tout se passe bien, mais j’ai très bien vécu mon doctorat. Je me suis entendu avec mes encadrants tout le long des trois années (et encore aujourd’hui), j’ai réussi à gérer mon temps de travail pour garder le rythme tout en conservant une vie sociale et un bon état mental. Le fait que cette période se soit bien passée a indubitablement joué dans le choix de ma carrière actuelle.
La période la plus difficile a été à la fin, lors de la rédaction du manuscrit, lorsque les derniers résultats expérimentaux tardaient à arriver et que l’échéance s’approchait. Cela m’a permis aussi de découvrir mes limites, sans non plus tomber dans la dépression.
Après votre thèse, quel a été votre parcours ?
Sur la fin de ma thèse, je commençais à sérieusement envisager de continuer dans la recherche académique. Immédiatement après ma thèse, j’ai donc passé la qualification pour la section 61 du CNU. Cette qualification est nécessaire pour pouvoir postuler aux postes de maitre de conférences (MCF). J’ai ensuite postulé sur des postes de MCF et la réflexion sur le projet d’intégration dans les équipes m’a définitivement motivé pour continuer dans la recherche académique. Pendant ce temps, j’étais en ATER (Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche), ce qui m’a permis d’étoffer mes compétences en enseignement via la dispense de cours magistraux et d’un nombre conséquent d’heures de TP et TD. J’ai été recruté à l’Université de Toulouse III : Paul Sabatier et au LAAS-CNRS, sur un projet qui me tenait très fortement à cœur. C’est assez rare à l’échelle de la recherche française d’obtenir un poste moins d’un an après sa soutenance, mais dans mon domaine, cela arrive plus régulièrement, en fonction du contexte (nombre de postes ouverts, nombre de candidats, etc.).
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
En dehors d’être prêt à passer trois ans sur un même sujet, le point le plus important pour moi pour la bonne réussite d’une thèse est une bonne entente avec l’encadrement. De mon point de vue, il s’agit surtout de compatibilité de personnalités plutôt que de bons et de mauvais encadrants. Par exemple, certaines personnes préféreront avoir beaucoup d’autonomie tandis que d’autres voudront avoir des retours régulièrement. S’il y a des tensions dès le début, la fin de la thèse sera beaucoup plus difficile à cause de la pression liée à l’écriture du manuscrit. De plus, pendant la thèse, il faut faire attention à sa santé mentale, c’est le carburant qui permet d’avancer. Un surmenage, des tensions avec l’encadrement ou un désintérêt du sujet peuvent conduire à des déprimes passagères, voir à des burn-out. Et les trois années peuvent sembler très longues dans ce cas.
Pour résumer, au moment de choisir sa thèse, il faut surtout choisir ses encadrants, et pendant la thèse, il faut faire attention à sa santé mentale.