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Quel parcours avez-vous suivi ? Qu’est-ce qui vous a mené et motivé à effectuer une thèse ?
Quand j’étais au lycée, j’étais très attirée par les sciences, et plus particulièrement la biologie. Je n’avais pas envie de suivre un parcours universitaire qui m’obligerait à choisir une discipline dès le départ, mais je n’avais pas non plus envie de faire une classe préparatoire. J’ai donc choisi l’UTC, qui offrait le compromis idéal : une école d’ingénieur qui me laissait deux ans pour choisir ma voie, mais avec un modèle similaire à celui de la fac où l’on peut choisir ses cours pour construire son cursus. Les deux ans de tronc commun après le bac m’ont permis de confirmé mon attrait pour la biologie, mais m’ont également permis de découvrir la programmation ou la fabrication industrielle. Je pensais que j’allais détester, mais j’ai adoré !
Au départ, je n’envisageais pas du tout la recherche. Pour moi, c’était l’apanage des Einstein ou Marie Curie : une affaire de génie ! Et puis j’ai découvert grâce à un professeur que le doctorat était aussi une option après un diplôme d’ingénieurs. Dans le même temps, j’ai commencé à me rendre compte que ce qui me plaisait le plus dans mes études, c’étaient les cours de sciences fondamentales. C’est là que j’ai commencé à envisager la recherche. Notre parcours à l’UTC comporte 2 stages de 6 mois. Le premier est effectué en début de quatrième année et offre une réelle opportunité de tester la recherche car il est toujours temps de chercher un stage de fin d’études en industrie si on se rend compte que le parcours académique n’est pas pour nous. J’ai eu énormément de chance de trouver un stage dans un petit groupe avec une très bonne ambiance et un responsable de stage qui m’a laissé beaucoup de liberté et m’a vraiment encouragée dans cette voie. C’est à ce moment là que j’ai pris la décision de faire une thèse.
Quelle thèse donc ?
Ma thèse consistait à développer des modèles in vitro en 3D pour l’étude de pathologie du collagène. Mes travaux comportaient un aspect de production d’un modèle biologique pertinent, et une partie de caractérisation mécanique des modèles produits. Pour lier ces deux aspects, j’ai travaillé dans deux laboratoires : le Laboratoire de Tribologie et Dynamique des Systèmes (LTDS) à l’Ecole Centrale de Lyon pour la caractérisation mécanique et l’Institut de Chimie et Biochimie Moléculaires et Supramoléculaires (ICBMS) à l’Université Claude Bernard Lyon 1, au sein de la plateforme 3dFAB pour la bio-impression des modèles in vitro. Même si cela demandait un peu de logistique de jongler entre deux campus, les deux laboratoires m’ont vraiment apporté des ressources scientifiques et matérielles complémentaires. J’ai beaucoup appris dans les deux domaines et c’est finalement cet aspect multidisciplinaire que j’ai pu valoriser dans mes travaux.
Pourquoi avoir choisi de continuer en postdoc à l’étranger ?
Premièrement, pour un aspect très pragmatique : pour espérer décrocher un poste dans le secteur académique, il est nécessaire d’avoir une expérience à l’étranger. Deuxièmement, j’avais envie de vivre une expérience à l’étranger pour découvrir une autre culture. Je souhaitais un pays européen pour que mon compagnon puisse me suivre, et j’ai trouvé une offre qui correspondait à mon profil aux Pays-Bas. Même si la culture est très proche, il existe des petites différences entre la France et les Pays-Bas. Le fonctionnement de la recherche académique aux Pays Bas ressemble plus au système anglosaxon avec des « Principal Investigators » (PI) qui démarrent avec une tenure tracks (CDD qui évolue en CDI si les résultats sont jugés satisfaisants) à la tête d’un groupe d’étudiants et de postdoc. La capacité à obtenir des financements est également encore plus importante qu’en France. A TU/e (Eindhoven University of Technology) où je suis, environ 50 % du personnel n’est pas néerlandais, donc il y a une vraie multiculturalité. Je partage mon bureau avec un autre postdoc qui vient des Etats-Unis et a déjà effectué 2 ans de postdoc en Allemagne. On compare souvent les petites différences culturelles qui existent entre la France, l’Allemagne, les Etats-Unis et les Pays-Bas. Cela force à se remettre en question sur plusieurs aspects, et cela permet de se rendre que certaines choses que l’on prenait pour acquises ne le sont pas forcément. Elargir son horizon nourrit la créativité, et donc la recherche !
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans un doctorat ?
Un jour quelqu’un m’a dit que le plus important quand on veut faire une thèse, c’est de bien choisir ses encadrants. Le choix du sujet est secondaire. Avec le recul, je pense que c’est effectivement le meilleur conseil à donner. J’ai eu beaucoup de chance, je me suis très bien entendue avec mes encadrants pendant ma thèse. Ils étaient très bienveillants tout en me guidant scientifiquement. A l’inverse, j’ai vu des doctorants souffrir de leurs relations avec leurs encadrants.
Il faut également se demander dans quel contexte la thèse va se dérouler : quels sont les financements associés ? Quelle est la liberté sur le sujet ? Est-ce que c’est un nouveau sujet dans le laboratoire, ou est-ce la suite d’un doctorant précédent ? Il est important de s’assurer que l’on aura les moyens de travailler sur le sujet, tant au niveau du financement que de l’accès aux équipements nécessaires ou du soutien scientifique disponible dans le laboratoire.
La thèse est un moment particulier puisque c’est considéré à la fois comme une première expérience professionnelle et comme une formation : le doctorant est employée par l’université, mais il est également inscrit en tant qu’étudiant. Il est donc normal d’être un peu perdu au début, le métier de chercheur ne s’apprend pas du jour au lendemain. Je pense que les deux principales qualités pour faire une thèse sont la curiosité et la persévérance. Le reste, ça s’apprend ! La thèse est l’occasion de se former à certaines techniques scientifiques précises, mais aussi d’acquérir des compétences transversales, comme la rédaction ou la communication orale.