Ingénieur de Recherche – Caractérisation expérimentale d’écoulement réactif supersonique, ONERA
Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Quel est votre parcours avant le doctorat ?
Ayant toujours eu une forte appétence pour les problématiques énergétiques et environnementales, j’ai commencé mon cursus par un DUT Génie de l’Environnement à l’université de Toulon. J’ai été attiré par le fait d’avoir une petite promotion, beaucoup de travaux pratiques et un stage de technicien. J’ai réalisé ce stage au sein de la Société des Eaux de Marseille. D’abord au sein de la branche humanitaire Water Help, j’ai réalisé une cartographie des ressources en eaux de la commune rurale de Konséguéla au Mali. Une fois cette mission terminée, j’ai rejoint la Direction Technique, où j’ai créé un modèle de calibration d’un instrument de mesure (spectromètre UV-Visible) qui permet de détecter des anomalies dans la composition de l’eau du Canal de Marseille.
J’ai ensuite poursuivi ma formation par une Licence puis un Master, dont un semestre en Erasmus à Glasgow, toujours dans le domaine de l’énergie et de l’environnement. Mon stage de fin d’étude s’est déroulé au sein d’ArcelorMittal, dans le service Process de l’aciérie de Fos-sur-Mer. J’ai alors optimisé le fonctionnement du dépoussiérage secondaire afin qu’il capte mieux les fumées émises tout en réduisant globalement sa consommation électrique.
Lors de mes 2 stages, j’ai été en contact avec l’instrumentation de capteurs et la métrologie est un domaine que j’ai trouvé intéressant. C’est pourquoi j’ai décidé de passer un concours d’Assistant-Ingénieur en instrumentation scientifique et techniques expérimentales. Ce concours annuel présente un écrit commun à l’ensemble des postes disponibles puis un oral par poste. J’ai choisi de rejoindre l’Institut d’Alembert, laboratoire de Sorbonne Université, anciennement Université Pierre et Marie Curie Paris VI). À ce poste, je travaillais sur le développement d’expériences pour les chercheurs et enseignants-chercheurs de l’équipe Combustion, Énergie Propre et Turbulence (CEPT). Au contact de ceux-ci et des doctorants, j’ai découvert ce qu’était un doctorat et mon envie de travailler sur un sujet de recherche sur une longue période.
Pourquoi souhaitiez-vous obtenir un doctorat et pourquoi ce sujet ?
Au sein d’un laboratoire académique, j’ai pu découvrir qu’il était en fait passionnant de travailler sur un même sujet pendant plus de trois ans. Le doctorat représente une période où l’on dispose d’une autonomie assez hors du commun durant laquelle les activités sont en fait extrêmement variées. Obtenir un doctorat représentait pour moi l’aboutissement d’un travail de recherche scientifique reconnu mondialement et la possibilité de postuler à des postes où l’on ne risque pas de tomber dans une certaine routine.
Grâce à la direction de mon laboratoire, j’ai pu travailler sur un sujet de thèse pendant près de 4 ans tout en conservant mon poste et mes activités d’assistant-ingénieur. J’ai ainsi pu choisir de travailler sur la combustion de biocarburants et leur tendance à la production de particules de suie. Avec ce sujet, j’ai pu m’intéresser encore une fois à des problématiques énergétiques et environnementales, mais aussi travailler sous la direction de deux excellents enseignants-chercheurs et un ingénieur d’études, dont les activités m’intéressaient particulièrement.
Pourquoi avoir rejoint l’ONERA et quelles sont vos missions ?
Pendant la rédaction de ma thèse, j’ai aussi réfléchi à l’après doctorat, car mon laboratoire ne pouvait pas revaloriser mon poste pour devenir Ingénieur de Recherche et surtout parce que je souhaitais découvrir autre chose après plus de sept ans à l’Institut. Je souhaitais rester assez proche d’un service public où l’objectif de la recherche n’est pas forcément financier: les EPIC tels que le CNES, le CEA ou l’ONERA m’attiraient beaucoup. J’ai ainsi postulé à l’ONERA pour un poste d’Ingénieur d’étude et de recherche pour essais expérimentaux sur bancs de combustion pour la propulsion aérobie. Je suppose que mon profil instrumentation/expérimentateur/combustion leur a paru pertinent puisque c’est le poste que j’occupe aujourd’hui. Ce poste me paraissait un peu la suite logique de mon doctorat, par le passage de l’étude de flammes « canoniques » à des flammes plus complexes et plus proches des applications « réelles ».
Je suis aujourd’hui responsable d'essais visant à caractériser essentiellement des écoulements réactifs trans/supersonique au sein de l'Unité Propulsion Aérobie du Département Multi-Physique pour l'Énergétique.
Le mot de la fin ?
J’encourage chaleureusement toute personne hésitant à faire un doctorat à se lancer. C’est une expérience riche et passionnante où vous deviendrez (même à une petite échelle) experte d’un sujet. Vous gagnerez forcément en autonomie, un réseau, une meilleure capacité de synthèse et une plus grande aisance à l’oral. Je souhaite aussi chaleureusement que les universités, les institutions et les entreprises encouragent leur personnel non docteur à valoriser leurs expériences de recherche par un doctorat par Validation des Acquis de l’Expérience.