Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Quel est votre parcours avant la thèse et les raisons qui vous ont mené jusqu’au doctorat ?
Mon parcours est plutôt inhabituel par rapport à ce que l’on pourrait rencontrer couramment chez les doctorants. Originaire du Burkina Faso, j’ai travaillé pendant plus de quatre ans avant de reprendre mes études en 2016 en Master de recherche en informatique, option Systèmes intelligents et multimédias, à l’Institut Francophone International (IFI) de l’Université nationale du Vietnam à Hanoi (UNVH).
Mon dernier poste était celui de chef de service informatique et des nouvelles technologies de la société de transport en commun de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Aussi loin que je me souvienne, ma décision de tout laisser tomber pour reprendre mes études dans un pays qui m’était complètement inconnu était motivée par la recherche de perspectives professionnelles meilleures, où je pourrais m’épanouir pleinement, tant sur le plan professionnel que personnel.
Durant mon stage de Master 2 au sein du Laboratoire Informatique, Image et Interaction (L3I) de l’Université de La Rochelle, j’ai été attiré par une offre de thèse portant sur la “Simulation multi-agents de politiques d’intermodalité urbaines et péri-urbaines”. Cette proposition de thèse apparaissait pour moi comme une “providence”. J’ai commencé ma thèse en octobre 2018 au sein du CERI Systèmes Numériques de l’IMT Nord Europe.
Quels ont été les éléments importants pour le succès de votre thèse ?
J’ai toujours considéré mon doctorat comme un travail, un emploi avec une mission bien précise : réussir la thèse. J’ai donc énormément tiré profit de mon expérience professionnelle pour m’organiser en conséquence. J’ai également eu la chance de travailler sur un sujet qui me passionnait, tout en bénéficiant d’une grande liberté et autonomie de la part de mes encadrants. Mes directeurs de thèse m’ont beaucoup soutenu, notamment dans la rédaction d’articles scientifiques et de mon manuscrit de thèse.
Durant la thèse, j’ai aussi échangé à plusieurs reprises avec de nombreux chercheurs dont les travaux étaient relatifs à mon sujet. Ces discussions m’ont été d’une grande utilité pour mieux orienter mes axes de recherche et définir clairement les objectifs à atteindre sur la base de l’existant.
Enfin, ma petite famille a été un soutien moral essentiel pour maintenir ma motivation, notamment dans les moments les plus difficiles de mon doctorat.
Quel poste occupez-vous aujourd’hui et en quoi votre doctorat vous est-il utile ?
J’ai soutenu ma thèse en janvier 2022. Ensuite, j’ai effectué une année de post-doctorat au Laboratoire Aménagement Économie Transports (LAET) à l’École Nationale des Travaux Publics de l’État (ENTPE). Actuellement, je suis ingénieur de recherche en CDI dans le domaine des services de mobilité à l’IFP Energies Nouvelles (IFPEN). J’interviens également en tant qu’enseignant vacataire à L'École pour l'informatique et les techniques avancées (EPITA), site de Lyon.
Le doctorat a été déterminant pour accéder à ce poste. En effet, mon travail actuel porte sur l’évaluation socio-environnementale des politiques de mobilité, en utilisant des outils de simulation à base d’agents que j’ai étudiés durant ma thèse. En outre, je supervise des stagiaires et des doctorants, ce qui ne serait pas possible sans un diplôme de doctorat.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
Le doctorat est de plus en plus valorisé dans le secteur industriel, notamment dans les centres de recherche et les directions R&D ou R&I. Il offre aujourd’hui de nombreuses perspectives professionnelles, tant dans le milieu académique que dans l’industrie. Je dirais donc qu’il est essentiel de réfléchir en amont à ce que l’on souhaite faire après la thèse. Il est vrai que les choses ne sont pas toujours très claires avant de commencer une telle aventure, mais il est important de garder cette question à l’esprit.
En fonction de ce choix, il sera possible de mieux s’orienter vers le type de thèse qui correspond le mieux à la carrière envisagée : recherche fondamentale ou appliquée, laboratoire, équipe d’encadrement, thèse CIFRE, etc.
Je conseille également vivement de suivre des formations doctorales transversales à visée professionnelle, afin d’avoir une idée des possibilités de poursuite de carrière dans le secteur académique et/ou industriel.