Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
En quoi consistait ta thèse en quelques mots ?
Dans le cadre de mon projet de thèse, j'ai exploré la technologie de transfert de couche afin d'améliorer les performances des Transistors à effet de champ à haute mobilité électronique (HEMTs) de la filière GaN. Ces HEMTs sont largement utilisés dans les communications par satellite, les radars et les télécommunications en raison de leur haute densité de puissance.
Aujourd’hui, le marché impose des contraintes technologiques, notamment en termes d'augmentation de puissance et de montée en fréquence.
Cependant, cette montée en fréquence des composants, liée à leur miniaturisation, entraîne inévitablement une augmentation de la puissance dissipée, provoquant ainsi un phénomène d’auto-échauffement. Cet effet thermique, issu de la puissance dissipée, influe en retour sur des paramètres essentiels tels que le courant maximal de drain ainsi que sur les fréquences de coupure en courant et en puissance. La gestion thermique des composants représente donc un enjeu majeur pour obtenir des systèmes performants et fiables.
Pour relever ces défis, j'ai exploré la technologie de transfert de couche, qui consiste à reporter les HEMTs en GaN de substrat initial de croissance de Silicium vers un substrat plus conducteur thermiquement, tel que le diamant, en utilisant une couche d'AlN pulvérisée pour coller les composants sur le substrat de diamant. Les résultats de ma thèse ont montré que cette méthode de transfert n'affectait pas les performances des HEMTs, avec des courants élevés, des fréquences de coupure élevées et une bonne fonctionnalité.
Peux-tu nous présenter ton parcours et pourquoi as-tu décidé de faire une thèse ?
Depuis mes premières années d'études, j'ai toujours été attiré par les sciences, et cette passion m'a guidé tout au long de mon parcours académique.
Après avoir obtenu ma licence en physique générale à l'Université Libanaise de Beyrouth en 2014, j'ai décidé de poursuivre mes études en me spécialisant dans le domaine de la nanophysique, de la nanomesure et des nanosciences. Cette décision m'a conduit en France, où j'ai été accepté dans le cadre d'un programme de master de recherche à l'Université de Toulouse III (Paul Sabatier).
Durant mon master, j'ai eu l'occasion de réaliser un stage de recherche au LAAS à Toulouse, où j'ai découvert ma passion pour la microélectronique et la nanotechnologie.
Le succès de ce stage m'a ouvert les portes d'une thèse de doctorat entre le LAAS et l'IEMN (Institut d'électronique de microélectronique et de nanotechnologie) à Lille, dans le domaine de la microélectronique et Nanotechnologie. Cette expérience doctorale m'a permis d'approfondir mes connaissances et d'acquérir une expertise dans le domaine de micro fabrication et caractérisation des composants III-V pour des applications de forte puissance et haute fréquence en constante évolution.
Quels conseils donnerais-tu à un étudiant hésitant entre se lancer dans une thèse ou commencer à travailler directement après un diplôme de niveau bac+5 ?
Je conseillerais à un étudiant hésitant de considérer attentivement ses objectifs à long terme et de peser les avantages et les inconvénients de chaque option. Une thèse offre une opportunité unique d'approfondir ses connaissances dans un domaine spécifique et de contribuer à l'avancement de la recherche. Cependant, elle nécessite un engagement certain et peut être exigeante sur le plan académique. D'un autre côté, entrer directement dans le monde du travail permet d'acquérir une expérience pratique et de commencer à construire sa carrière professionnelle plus rapidement. Il est essentiel de prendre en compte ses intérêts personnels, ses aspirations professionnelles et les opportunités disponibles avant de prendre une décision.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui aspirent à une carrière dans la recherche universitaire ?
Je conseillerais aux étudiants aspirant à une carrière dans la recherche universitaire de rester passionnés, curieux et engagés dans leur domaine d'études. Il est également important de développer un réseau professionnel solide, de saisir les opportunités de formation et de collaboration, et de persévérer face aux défis rencontrés sur le chemin de la recherche académique.
Quel est votre poste actuel ?
Après avoir soutenu ma thèse en juin 2020, j'ai travaillé dans le milieu de la recherche académique en tant que chercheur post-doctoral, où j'ai eu l'occasion de travailler sur plusieurs projets de recherche passionnants. Pendant cette période, j'ai travaillé sur un certain nombre de projets liés à mon domaine d'expertise, mettant en pratique les connaissances acquises pendant mes études doctorales.
Parallèlement à mes activités de recherche, j'ai eu l'occasion d'enseigner l'électronique dans plusieurs établissements universitaires en tant que vacataire. Cette expérience m'a permis de partager ma passion pour l'enseignement avec les étudiants et de contribuer à leur formation académique.
En mai 2023, j'ai décidé de franchir une nouvelle étape dans ma carrière en passant le concours de Maître de Conférences à l'Université de Lille. Après avoir réussi ce concours, j'ai intégré l'université en septembre 2023 en tant que Maître de Conférences, rattaché au département EEA (Électronique, Électrotechnique et Automatique) de l'Université. Depuis, j'ai eu l'occasion d'enseigner et de m'investir dans la recherche au sein de cette prestigieuse institution, tout en continuant à partager ma passion pour l'électronique et de nanotechnologie avec les étudiants.