Why keep it simple when you can make it complex: an unconventional journey, practical advice, and a utopian objective.
Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Pouvez-vous présenter votre parcours et pourquoi avez-vous décidé de faire une thèse ? / Can you introduce your background and explain why you decided to pursue a PhD?
Ce parcours, loin d’être rectiligne, a commencé par une seconde générale peu brillante, avec des résultats moyens, qui m’ont orienté vers un Baccalauréat Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant (STAV). Peu attiré à l’époque par de longues études, j’ai entamé mon parcours universitaire avec un Diplôme Universitaire Technologique (DUT) en Génie Biologique à l’Institut Universitaire et Technologique de Boulogne-sur-Mer. Une dernière année de DUT particulièrement enrichissante, agrémentée d’un stage dans un laboratoire d’analyse environnementale, m’a motivé à poursuivre mes études avec une Licence en Sciences de l’Environnement à l’Institut Supérieur d’Agriculture (ISA) de Lille. A cette occasion, j’ai réalisé un premier stage en recherche à l’étranger, en m’intéressant aux effets de la fertilisation azotée sur le microbiote des plantes à la Swedish University of Agricultural Sciences à Alnarp, en Suède.
Au fil de ce parcours, mon intérêt pour les sciences environnementales s’est développé, ce qui m’a conduit à intégrer un Master International en Gestion Durable de la Pollution, toujours à l’ISA de Lille. Pendant ce master, j’ai eu l’opportunité d’effectuer deux stages en recherche marquants : le premier au Centre d’Expertise en Analyses Environnementales du Québec (CEAEQ) à Québec, Canada, où j’ai étudié les impacts d’un traitement des eaux usées innovant sur les organismes aquatiques, et le second au Norwegian Institute of Bioeconomy Research (NIBIO) à Ås, Norvège, où j’ai travaillé sur les effets des nanoparticules de titane sur les microorganismes du sol. Ces deux expériences ont été déterminantes dans ma décision de devenir chercheur, m’incitant à chercher activement une thèse.
N’ayant pas immédiatement obtenu de bourse doctorale, j’ai choisi de renforcer mes compétences en écotoxicologie en suivant un diplôme de recherche universitaire à l’Institut National Polytechnique de Toulouse. Cette étape m’a permis de rejoindre le Laboratoire d’Écologie Fonctionnelle et Environnement, d’explorer de nouvelles thématiques de recherche et d’élargir mon réseau scientifique. Par la suite, j’ai travaillé pendant un an dans ce même laboratoire en tant qu’ingénieur d’étude, me concentrant sur les effets des micro- et nanoplastiques sur les organismes aquatiques, tout en poursuivant mes recherches d’opportunités de thèse.
En 2018, j’ai finalement débuté un doctorat à l’Université de La Rochelle, spécialisé en physiologie, biologie des organismes, populations et interactions. Mes travaux portaient sur la bioaccumulation et les effets du mercure sur la seiche commune dans le contexte de l’acidification des océans, me permettant de concilier ma passion pour la recherche avec des enjeux écologiques globaux.
This journey, far from being linear, began with a rather unimpressive general secondary education, marked by average academic results, which led me to pursue a Baccalauréat in Agricultural and Environmental Sciences and Technologies (STAV). At that time, I was not particularly drawn to long academic studies, so I began my higher education with a University Diploma of Technology (DUT) in Biological Engineering at the University Institute of Technology in Boulogne-sur-Mer. A particularly enriching final year of the program, including an internship in an environmental analysis laboratory, motivated me to continue my studies with a Bachelor’s degree in Environmental Sciences at the Institut Supérieur d’Agriculture (ISA) in Lille. During this period, I carried out my first international research internship, focusing on the effects of nitrogen fertilization on plant microbiota at the Swedish University of Agricultural Sciences in Alnarp, Sweden.
As I progressed through this journey, my interest in environmental sciences grew, leading me to enroll in an International Master’s program in Sustainable Management of Pollution, also at ISA Lille. During this master’s program, I had the opportunity to undertake two significant research internships: the first at the Center of Expertise in Environmental Analysis of Quebec (CEAEQ) in Québec, Canada, where I studied the impacts of an innovative wastewater treatment on aquatic organisms, and the second at the Norwegian Institute of Bioeconomy Research (NIBIO) in Ås, Norway, where I worked on the effects of titanium nanoparticles on soil microorganisms. These two experiences were pivotal in solidifying my decision to become a researcher, motivating me to actively seek a PhD position.
Not having immediately secured a doctoral scholarship, I chose to strengthen my expertise in ecotoxicology by pursuing a research diploma at the National Polytechnic Institute of Toulouse. This step allowed me to join the Laboratory of Functional Ecology and Environment, explore new research topics, and expand my scientific network. Subsequently, I worked for a year in the same laboratory as a research engineer, focusing on the effects of micro- and nanoplastics on aquatic organisms while continuing to seek doctoral opportunities.
In 2018, I finally began a PhD at La Rochelle Université, specializing in physiology, organisms biology, populations, and interactions. My research focused on the bioaccumulation and effects of mercury on the common cuttlefish in the context of ocean acidification, enabling me to combine my passion for research with critical global ecological challenges.
Quels ont été les éléments importants pour le succès de votre thèse ? / What were the key elements that contributed to the success of your PhD?
Le succès de ma thèse repose sur trois éléments fondamentaux : la communication, l’endurance et la confiance en soi.
La communication a été essentielle à chaque étape. Elle s'est exprimée à travers les échanges réguliers avec mes encadrants, mes collègues, les stagiaires que j’ai eu l’opportunité de superviser et le reste de la communauté scientifique. Ces interactions ont enrichi ma réflexion scientifique et m'ont permis d'élargir mes perspectives. De plus, les discussions avec l’école doctorale, les étudiants et la vulgarisation auprès du grand public m'ont aidé à clarifier mes idées et à mieux structurer mes travaux. Notre métier consiste à transmettre des connaissances, et c’est dans cet échange que l’on continue d’apprendre. Cette dynamique d'échange et de partage est une source constante d'inspiration et de progression.
L’endurance est un autre pilier essentiel. Une thèse, souvent comparée à un marathon, demande de maintenir un effort soutenu sur le long terme. Elle est marquée par des périodes de doutes, de remises en question, mais aussi d’intenses apprentissages, non seulement sur le plan académique, mais également sur soi-même. On découvre ses limites, on apprend à les repousser tout en veillant à préserver son équilibre physiologique et psychologique. Prendre soin de soi est indispensable pour rester performant et motivé sur la durée.
Enfin, la confiance en soi et en ce que l’on produit scientifiquement joue un rôle clé. Durant la thèse, on s’approprie un sujet et, au fil du temps, on en devient un véritable expert. Ce processus renforce la légitimité que l'on ressent à évoluer dans le domaine de la recherche. Si l’on a réussi à arriver jusqu’à ce niveau, c’est parce qu’on en a les capacités. Il est crucial d’être intègre et de croire en la valeur de la science que l’on produit et de se rappeler que chaque contribution, même modeste, participe à un savoir collectif plus vaste.
The success of my PhD relied on three fundamental elements: communication, endurance, and self-confidence.
Communication was essential at every stage. It involved regular exchanges with my supervisors, colleagues, and the interns I had the opportunity to mentor, as well as with the broader scientific community. These interactions enriched my scientific thinking and broadened my perspectives. Additionally, discussions with the doctoral school, students, and public outreach activities helped me clarify my ideas and better structure my work. Our profession is about sharing knowledge, and it is through these exchanges that we continue to learn. This dynamic of sharing and collaboration is a constant source of inspiration and progress.
Endurance was another critical pillar. A PhD, often likened to a marathon, requires sustained effort over the long term. It is marked by periods of doubt, self-questioning, and intense learning—not only academically but also personally. One discovers their limits and learns to push through them while maintaining physiological and psychological balance. Taking care of oneself is vital to remain effective and motivated throughout the journey.
Lastly, self-confidence and faith in one’s scientific work play a key role. During the PhD, one immerses deeply in a topic and gradually becomes a true expert. This process reinforces the legitimacy and confidence required to navigate the research field. Reaching this stage is a testament to one’s abilities. It is crucial to have integrity and believe in the value of the science being produced, remembering that every contribution, no matter how small, adds to a larger body of collective knowledge.
Qu’avez-vous fait après votre thèse et sur quoi travaillez-vous actuellement ? / What did you do after your thesis and what are you currently working on?
Après l’obtention de mon doctorat en 2022, j’ai occupé un poste d’Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) à l’Université de La Rochelle. Cette expérience m’a permis d’enrichir mon expérience pédagogique, en augmentant le volume d’heures dispensées que j’avais déjà accumulées pendant ma thèse, tout en confirmant mon intérêt pour l’enseignement. Par la suite, j’ai connu une période de chômage durant laquelle je me suis consacré pleinement à la rédaction de demandes de financement pour des bourses postdoctorales et aux candidatures à des postes de chercheur ou d’enseignant-chercheur. Ce n’est qu’après huit mois d’efforts que j’ai obtenu mon poste actuel de chercheur postdoctoral au Laboratoire National d’Oak Ridge, aux États-Unis. Durant ces deux années de contrat, je me concentre sur l’étude de la contamination au mercure dans une rivière locale et de ses impacts sur la biodiversité environnante.
After earning my PhD in 2022, I held a position as a Temporary Lecturer and Research Assistant (ATER) at the University of La Rochelle. This experience allowed me to enhance my teaching expertise by increasing the number of hours taught during my PhD, while also reaffirming my passion for teaching. Subsequently, I experienced a period of unemployment during which I dedicated myself entirely to writing funding applications for postdoctoral fellowships and applying for positions as a researcher or lecturer-researcher. It was only after eight months of effort that I secured my current postdoctoral research position at Oak Ridge National Laboratory in the United States. During this two-year contract, I am focusing on studying mercury contamination in a local river and its impacts on the surrounding biodiversity.
Quels sont les avantages et les inconvénients d’avoir une thèse ? / What are the advantages and disadvantages of pursuing a PhD?
Avoir une thèse présente de nombreux avantages, mais aussi des inconvénients qu’il est important de reconnaître.
Du côté des avantages, la thèse nous permet de développer bien plus qu’une expertise disciplinaire approfondie. Elle nous dote de compétences transversales essentielles, comme la gestion de projet, la communication, l’analyse critique, la résilience et une grande autonomie. Ces compétences sont précieuses et transférables dans de nombreux secteurs professionnels. La recherche est également un métier de passion, marqué par une curiosité intellectuelle constante et un apprentissage permanent.
Cependant, il y a aussi des inconvénients à considérer. Pour reprendre l’analogie de la thèse et du marathon, la suite peut ressembler à un ultra-trail : un parcours encore plus imprévisible et exigeant. Les perspectives d’emploi sont incertaines et varient énormément, allant jusqu’à l’utopie selon les domaines, avec dans certains cas une surqualification par rapport aux offres disponibles. Beaucoup de docteurs ne décrochent pas de postes de chercheur ou d’enseignant-chercheur, finissent par se réorienter après au moins 8 ans d’étude, et ceux qui y parviennent doivent souvent traverser de nombreuses années de contrats temporaires avant de prétendre à un poste permanent. Les attentes envers les jeunes chercheurs sont élevées : expérience à l’étranger, capacité à obtenir ses propres financements, publications autonomes sans encadrants de thèse, accompagnés de sacrifices considérables. Ces exigences surviennent souvent à des moments clés de la vie personnelle, où des choix difficiles s’imposent. À cela s’ajoute la réalité des salaires, souvent modestes après de nombreuses années d’études, particulièrement en France.
En résumé, une thèse ouvre de nombreuses portes et offre des compétences précieuses, mais elle impose aussi des défis importants qu’il faut anticiper et accepter si l’on veut s’engager pleinement dans cette voie exigeante, mais passionnante.
Having a PhD offers numerous advantages but also comes with challenges that must be acknowledged.
On the positive side, pursuing a PhD allows you to develop much more than just deep disciplinary expertise. It equips you with essential transferable skills such as project management, communication, critical analysis, resilience, and a high level of autonomy. These skills are valuable and applicable across a wide range of professional sectors. Additionally, research is a passion-driven career, characterized by constant intellectual curiosity and continuous learning, making it deeply rewarding for those who thrive on discovery.
However, there are also significant challenges to consider. Using the analogy of a PhD as a marathon, the next steps in a research career can feel more like an ultra-trail: an even more unpredictable and demanding journey. Employment prospects are uncertain and vary greatly, sometimes even approaching utopia depending on the field, with some PhD holders finding themselves overqualified for available positions. Many do not secure roles as researchers or lecturer-researchers, and those who do often face years of temporary contracts before achieving a permanent position. The expectations for early-career researchers are also extremely high: international experience, securing independent funding, and publishing papers without the support of PhD supervisors are often prerequisites. These demands often require significant personal sacrifices and arise during critical periods of personal life, forcing tough decisions. Additionally, compensation is often modest, particularly in countries like France, despite the years of study and dedication required.
In summary, pursuing a PhD opens many doors and provides invaluable skills, but it also comes with considerable challenges that must be anticipated and accepted for those choosing to embark on this demanding yet rewarding path.