Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Pourriez-vous me présenter votre parcours ?
J’ai effectué un parcours classique d’ingénieur : après une prépa PSI, j’ai intégré Télécom Paris, dont je suis sorti quatre ans plus tard (dont une année de césure). A Télécom, j’ai suivi la filière Modélisation Aléatoire et Calcul Scientifique, et après une année de césure composée de stages variés, j’ai terminé mon cursus par un Master of Science en Statistiques à l’Imperial College London, où j’ai découvert le Machine Learning. J’ai ensuite décidé de démarrer une thèse partagée entre le CEA (centre du CESTA, près de Bordeaux), et une équipe de recherche affiliée au Centre de Mathématiques Appliquées de l’Ecole Polytechnique et à l’INRIA Saclay. La thèse portait sur l’utilisation du Deep Learning dans le cadre du calcul scientifique.
Qu’est-ce qui vous a motivé à faire une thèse ?
Paradoxalement, l’élément décisif dans mon choix d’orientation a été mon année de césure, alors que je n’ai presque pas fait de stages scientifiques sur cette période. Par curiosité de découvrir d’autres domaines que les sciences et la technique que je pratiquais depuis le début de mes études, j’ai décidé d’effectuer des stages en consulting économique, puis en « business development ». J’ai été très mitigé par l’activité généraliste que j’ai menée pendant ces stages. Finalement, leur effet bénéfique a principalement été de mettre en évidence la chance que j’avais d’avoir une formation scientifique, et donc d’avoir la possibilité de travailler dans des domaines techniques complexes, passionnants et à fort impact. J’ai donc opté pour une orientation plus technique, en connaissance de cause et doublement motivé par mon appétence pour les sciences et cette mauvaise expérience ! Mon année de master en statistiques, et particulièrement la découverte du Machine Learning et de ses potentiels d’application et de recherche ont renforcé ma motivation à poursuivre sur une thèse.
Quel poste occupez-vous maintenant et pourquoi l’avez-vous choisi ?
Actuellement, j’occupe un poste d’ingénieur chercheur en sciences des données à l’IRT Saint Exupéry dans le cadre de DEEL, un projet de recherche Franco-Québécois. Ce projet a pour objectif de développer et d’explorer des sujets de recherche autour de la sécurité de l’IA dans le cadre d’applications industrielles, orientées vers l’aérospatial et les transports. J’ai choisi ce poste à la fois pour des raisons d’intérêt scientifique et d’impact sociétal. En effet, mon quotidien est principalement celui d’un chercheur : j’explore des idées scientifiques et je dispose d’une grande liberté dans le choix de mes projets. J’ai même pu aborder des sujets que je n’avais pas eu le temps de traiter pendant mon doctorat. Par ailleurs, le projet DEEL favorise une recherche proche des problématiques industrielles et nous collaborons à la fois avec des chercheurs académiques et des ingénieurs R&D des partenaires du projet (AIRBUS, Thales, Safran, Renault, SNCF…). Ainsi, les résultats de recherche bénéficient directement à l’industrie. De plus, le partenariat avec le Québec donne une dimension internationale au projet. Je peux donc faire de la recherche poussée, sans pour autant m’isoler des applications concrètes, et dans le cadre dynamique et stimulant d’un projet en plein essor (Pour en savoir plus sur le projet DEEL : https://www.deel.ai).
Que vous ont apporté vos années de thèse dans le cadre de votre activité actuelle et en général ?
Je dirais qu’en plus de la maîtrise de mon sujet de thèse, ces années m’ont apporté énormément d’autonomie, la capacité d’avoir une vue d’ensemble sur un sujet complexe et d’en explorer des problématiques de manière approfondie. J’ai également beaucoup développé mes compétences de rédaction et de communication. Dans le poste que j’occupe actuellement, avoir effectué une thèse m’a donné la possibilité de coordonner une petite équipe de recherche. C’est très enrichissant humainement, et ça permet d’explorer une plus grande diversité de voies de recherche. Mes années de thèse m’apportent donc beaucoup dans le cadre de mon activité actuelle, mais les compétences acquises sont valorisables bien au-delà de cet emploi spécifique : je suis convaincu qu’elles me serviront toutes ma vie, quels que soient mes choix professionnels. C’est pourquoi je ne peux que recommander cette expérience !