Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Peux-tu nous présenter ton parcours et pourquoi as-tu décidé de faire une thèse ?
Passionnée par la chimie, à l’issu de mon baccalauréat, j’ai intégré la classe préparatoire Chem.I.St. de la Fédération Gay Lussac à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Rennes (ENSCR). J’ai poursuivi dans cette même école pour ma formation d’ingénieure chimiste spécialisée en Procédés, Environnement et Analyse. Lors de mon cursus, j’ai réalisé plusieurs stages, certains en recherche académique et d’autres dans le secteur privé. J’ai notamment réalisé mon stage de fin d’étude et un premier CDD de 6 mois en tant qu’ingénieure études chez Sources, un constructeur de station d’épuration de l’eau. Lors de ce stage, j’ai été formée à un nouveau procédé de traitement de l’eau développé par Sources et ses partenaires. J’ai alors réalisé que ma véritable aspiration était de participer à la conception de procédés innovants, plutôt que de me limiter à leur mise en œuvre. Cette prise de conscience m’a conduit à m’orienter vers la recherche, avec la thèse comme passerelle pour atteindre cet objectif.
En quoi consiste ta thèse en quelques mots ?
J’ai réalisé une thèse en Chimie : Procédés et Environnement. Elle s’intitule Procédés de traitement de l’ammoniac dans l’air et du sulfure d’hydrogène dans le biogaz : application aux élevages porcins. J’étais inscrite à l’ENSCR à l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes mais hébergée pendant mon doctorat à l’IMT Atlantique (Nantes) au sein du laboratoire de GEnie des Procédés Environnement – Agroalimentaire (GEPEA). Ma thèse, financée par l’ADEME et la Région Bretagne, s’inscrit dans le contexte des élevages porcins intensifs. Elle aborde deux problématiques principales : la pollution de l’air des bâtiments d’élevage par l’ammoniac et la contamination du biogaz produit sur l’unité de méthanisation par le sulfure d’hydrogène. J’ai étudié deux procédés de traitement de ces polluants gazeux afin de lever les verrous avant de mettre en place un procédé couplé avec réutilisation des sous-produits à l’échelle pilote in situ.
A-t-il été compliqué de concilier vie de recherche et vie personnelle ? Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
Acharnée des sports équestres, j’ai réussi à continuer à pratiquer l’équitation plusieurs fois par semaine pendant ma thèse. Je conseillerais à tous les doctorants de poursuivre leurs activités extra-professionnelles car c’est essentiel pour réussir à décompresser. Ça m’a également permis de prendre le recul nécessaire pour mes travaux de thèse, et réussir à être toujours motivée. J’aimerais également souligner qu’il faut garder en tête que même si on est passionné par nos recherches et notre métier parfois prenant, il faut laisser la place à d’autres centres d’intérêts.
Quelles sont, selon toi, les compétences valorisables apprises grâce au doctorat ?
Une thèse c’est un projet de trois ans que l’on doit s’approprier. On doit gérer un budget, des commandes, un emploi du temps, parfois l’encadrement de stagiaire, des expériences au laboratoire, … tout ce qui se rapporte à de la gestion de projet et beaucoup de communication avec différents acteurs de la recherche (encadrants, équipe technique, partenaires industriels, fournisseurs, …). Le doctorat permet également de développer des compétences rédactionnelles, notamment à travers la rédaction d’articles scientifiques et de livrables, ainsi qu’en prise de parole, puisque soutenir sa thèse implique de participer à au moins un congrès international. Dans mon cas, j’ai également participé au concours Ma thèse en 180s et à un podcast sur la transition énergétique. Enfin, le plus important, des compétences techniques et pratiques très poussées dans notre spécialité. Ce sont des compétences utiles qui permettent après de poursuivre en recherche académique, publique ou bien privée. La thèse c’est une formation diplômante mais aussi une expérience professionnelle.
Quel est ton poste actuel, comment te projettes-tu professionnellement ?
Aujourd’hui et depuis la fin de ma thèse, je suis post-doctorante à l’IMT Mines Albi au centre RAPSODEE. Je continue de travailler sur les gaz, mais cette fois sur la réduction des émissions lors de la combustion, dans le cadre d’une application en « cuisson propre ». Ce projet, soutenu par l’Union Européenne en collaboration avec l’Union Africaine, a pour objectif de développer et d’optimiser un micro-gazéifieur destiné aux communautés rurales et aux camps de réfugiés en Afrique du Sud et en Ouganda.
J’aimerais m’orienter vers un poste de maître de conférences. Au cours de ma thèse, j’ai eu l’occasion d’enseigner et ça m’a beaucoup plu. C’est également un conseil que je donnerais aux doctorants, testez l’enseignement pour voir si ça vous plaît !
Tu évolues dans un milieu qu’on pourrait qualifier comme étant plutôt
« masculin ». Cela n’est-il pas difficile ?
Travailler dans un milieu majoritairement masculin peut parfois être un défi, notamment avec la nécessité de s’imposer. Cependant, je suis encouragée par la reconnaissance croissante des compétences des femmes. De plus, j’ai eu la chance d’être encadrée par des femmes inspirantes, qui m’ont montré que nous avons toute notre place et notre valeur dans ce domaine.