Merci d'avoir accepté l'interview.
Comment êtes-vous arrivée en France ?
Le 31 août 2016, pendant mon 23ème anniversaire, je suis dans un bus direction France. C’est la première fois que je laisse Barletta, ma ville natale du sud de l’Italie pour partir étudier à l’étranger. La destination ? Grenoble. Le plan ? Obtenir un double diplôme de master en géomécanique et génie civil de l’université Grenoble Alpes et de l’école Politecnico di Bari.
Pourquoi avez-vous décidé d’effectuer une thèse à Grenoble après votre master ? Et qu'en avez-vous appris ?
À la fin de mes études, je m’imaginais travailler sur des chantiers de tunnels, à résoudre des problèmes d’ingénierie géotechnique pour pouvoir, par exemple, améliorer les connexions autoroutières entre la France et l'Italie. Mais, j’ai senti que ce n’était pas encore le moment d'aller vers l’industrie. J’avais encore quelque chose à apprendre du monde académique. Ce qui m’a poussée à rester à Grenoble et commencer une thèse sur le comportement mécanique des bétons, c’était ma curiosité pour le monde de la recherche, mon intérêt pour les sujets multidisciplinaires et ma passion pour les problèmes complexes. Pendant mes trois années de thèse, j’ai appris une méthode de travail spéciale. J’ai appris à me poser des questions, à aller au-delà de la solution « la plus pratique » pour ouvrir la porte de la compréhension. J’ai aussi appris à être rigoureuse dans mon travail, à mieux me connaître et à reconnaître mes limites.
Quels conseils donneriez-vous à un docteur qui souhaite se lancer dans le monde professionnel ?
Tu dois avoir beaucoup de patience. La recherche d’emploi pour un docteur après thèse, peut être super longue, de quelque mois à 1 ans selon les statistiques, alors, non mollare moi collega ! La question que je m’étais posée pendant ma première recherche d’emploi était comment je pouvais réussir à entrer dans le monde de l’entreprise plutôt que comment obtenir le travail de mes rêves. J’ai signé mon premier contrat dans le privé à 6 mois de la date de soutenance.
Tu dois avoir du courage. Tu peux refuser un contrat de travail qui ne te convient pas même si tu es au chômage depuis 4 mois. Tu peux aussi commencer un travail en période d’essais et après démissionner. J’ai eu besoin de courage quand j’avais laissé mon emploi, parce que pas satisfaite, sans avoir déjà trouvé un plan B.
Tu gardes ta confiance. Comme toi, j’ai eu des moments où j’étais perdue et j’ai remis en discussion mes années de thèse. Ne sois pas trop dure avec toi-même, tu as des compétences excellentes, même si tu ne t’en rends pas encore compte. Enfin, même si je ne souhaite pas être professeur à l’université, je suis convaincue que les années passées en thèse ne sont pas du temps perdu.
Quel est votre travail aujourd’hui ? Et quelles sont vos principales satisfactions ?
Un an et 4 mois après ma soutenance, je suis devenue ingénieure recherche et expertise au sein du Centre Technique et Scientifique du Bâtiment français (CSTB). Sous la direction Sécurité Structure et Feu du centre, je donne depuis 6 mois mon support à l’instruction des avis techniques destinés aux acteurs du bâtiment, en matière de réglementation incendie et résistance au feu. Ma plus grande satisfaction aujourd’hui est le sentiment d’utilité que je ressens dans mon travail actuel. Que ce soit pour l’équipe ou pour les clients, j’arrive d’aujourd’hui à voir l’impact de mes missions à échelle du CSTB et de la filière du bâtiment.