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Ma Thèse, là où tout a commencé !


Jean-Luc SANDOZ
Jean-Luc SANDOZ

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Pourquoi avoir choisi de faire une thèse après l’école d’ingénieur ?

Je n’ai pas véritablement choisi cette voie, car je pensais initialement suivre des études courtes et entrer rapidement dans la vie active. Cependant, les rencontres fortuites tout au long de mon parcours ont profondément influencé ma trajectoire.

Après avoir obtenu un CAP en ébénisterie et un BP en charpenterie dans le Doubs, j’ai poursuivi mes études à l’ENSTIB dans les Vosges en tant qu’ingénieur en structure bois. J’ai débuté ma carrière professionnelle en tant qu’ingénieur structure bois au sein de l’entreprise Charpentes VIAL en Suisse, pensant avoir atteint mon apogée.

Toutefois, le dirigeant de l’époque, le grand-père VIAL, m’a encouragé à entreprendre un doctorat à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, sous la tutelle d’un ingénieur allemand, un véritable génie visionnaire, Julius Natterer, qui était en train de révolutionner la construction en bois au sein de sa chaire IBOIS/EPFL.


Comment bien choisir son sujet de thèse ?

Choisir judicieusement son sujet de thèse est essentiel. J’ai effectué une veille approfondie pour identifier les lacunes du marché de la construction en bois. J’ai constaté qu’il était crucial de mieux connaître le matériau, notamment de le caractériser, ce qui est fondamental pour le calcul des structures, surtout si l’on souhaite les épurer.

C’était l’époque préliminaire à l’arrivée des Eurocodes, et la philosophie des Eurocodes était de travailler avec des valeurs de performance réelles des bois. Ils ouvraient la porte aux bois de haute performance, tels que les bois classés C30, C40 jusqu’à C50. Cependant, pour utiliser le bois en très haute performance, mesurer sa qualité mécanique était une obligation. Il fallait donc développer un outil simple, direct et léger, applicable en priorité aux bois massifs.

Les industriels, craignant de commettre des erreurs, collaient les bois pour les rendre plus robustes, ce qui entraînait un gaspillage considérable. Mon objectif était de trouver une solution permettant d’utiliser le bois de manière optimale, sans excès, toujours dans cet esprit de "plus d’ingénierie et moins de matière".

En Suisse, il était également nécessaire de valoriser le bois local pour la construction, car on croyait qu’il n’était pas aussi bon que les bois du nord et des pays germanophones. Mon premier projet consistait donc à tester les bois des forêts du Jura suisse pour démontrer sa qualité et ses performances mécaniques. Avec le Sylvatest que j’ai développé, fruit de ma thèse, j’ai pu répondre à cette problématique.


En quoi consiste ta thèse en quelques mots ?

Ma thèse, obtenue en 1990, intitulée “Triage et fiabilité des bois de construction : validité de la méthode ultrason”, est le fruit de sept années de recherche fondamentale et appliquée. Elle a posé les bases d’une technologie innovante utilisant les ultrasons pour tester le bois de manière non destructive et le classer en fonction de ses performances mécaniques.


Comment avez-vous vécu votre doctorat ?

Cette période a été particulièrement intense et passionnante. J’enseignais, je faisais de la recherche, et je devais trouver des fonds pour mes travaux au laboratoire de R&D, tout en rédigeant ma thèse. Ces quelques années ont été la base de tout ce qui a suivi : ma vie, le développement de mon entreprise et de mes technologies depuis 34 ans. Ces technologies ont permis la mise au point de nombreux outils de tests non destructifs, les plus connus étant Sylvatest et Polux, aujourd’hui présents dans plus de 30 pays.


Quelles sont les leçons que vous avez tiré de votre expérience de doctorat que vous souhaitez partager ?

Selon moi, le plus important est de choisir un sujet passionnant qui a un réel intérêt pour le marché. La passion permet de travailler sans compter et de rechercher sans limite, de dépasser ses propres limites. L’intérêt pour le marché donne du sens à ces années de recherche, car il nous assure que nos efforts n’ont pas été vains et qu’ils servent une cause. En sachant que nos travaux répondent à des besoins réels et contribuent à des avancées significatives, nous trouvons une motivation supplémentaire pour persévérer. Donner du sens à ce que l’on cherche ou développe est essentiel pour moi, car cela permet de s’assurer que nos innovations ont un impact positif et durable sur la société et l’environnement.


Quel est votre poste actuel ? Et à quoi aspirez-vous ?

Aujourd'hui, j'occupe la fonction de Président-Directeur Général de CBS-Lifteam, un groupe que j'ai fondé en 1991 avec la création de mon premier Bureau d’études en structure bois, Concepts Bois Structure (CBS). Notre expertise réside dans la construction en bois et biosourcée, avec une maîtrise approfondie du matériau bois qui nous permet de faire preuve de créativité dans le développement de nombreux projets.

Je supervise plusieurs entités, notamment des bureaux d’études, CBS et CBT, un site de production, Ecotim, ainsi que des unités de travaux, Lifteam. Nos activités sont réparties entre la France, y compris la Guyane pour le bois tropical, et la Suisse. Notre effectif direct s'élève à environ 120 personnes, et nous collaborons avec près de 700 personnes au sein de notre écosystème.

Je continue de donner quelques cours, je transmets tout ce que je peux aux jeunes générations et je continue de recruter.

 

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