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La recherche : une quête de sens


Martin BOILLAT
Martin BOILLAT

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview


Peux-tu nous présenter ton parcours et pourquoi as-tu décidé de faire une thèse ?

Mon bac scientifique en poche, j’ai commencé mes études supérieures par un Brevet de Technicien Supérieur en Industrialisation des Produits Mécaniques (IPM). Ce BTS a été une révélation pour moi : déjà il m’a permis d’acquérir une confiance en moi et des compétences pratiques utiles à la société. Pouvoir imaginer un objet, en dessiner les plans, le concevoir en 3D et le fabriquer par usinage en seulement deux ans m’a apporté une motivation immense dans laquelle j’ai puisé pour poursuivre mes études.

Par la suite, j’ai candidaté et ait sélectionné sur dossier pour intégrer l’ENIM, une école d’ingénieur en mécanique générale. J’ai pu débuter directement en 3ème année, donc sans retard par rapport à des parcours « classiques » post bac par prépa intégré. La transition était un peu difficile étant donné les forts aspects théoriques en école d’ingénieur mais je me suis accroché et je me suis rapidement fait des amis sur qui j’ai pu vraiment compter pendant de longues et nombreuses soirées de soutien improvisé ! En 5ème et dernière année, je choisis une spécialisation en biomécanique, un parcours international créé tout récemment au sein de mon école. Là aussi c’est une révélation, la plongée dans l’univers de la médecine me passionne, et j’obtiens mon master de biomécanique en parallèle de mon diplôme d’ingénieur. Ce master de recherche en anglais attise ma curiosité et me donne envie d’aller encore plus loin dans les études, ce qui me pousse à poursuivre en thèse au LEM3 (Laboratoire d’Étude des Microstructures et de Mécanique des Matériaux) à Metz.

 

Quel a été le sujet de ta thèse et pourquoi l'as-tu choisi ?

J’ai travaillé sur l’étude expérimentale du fraisage de l’os temporal en chirurgie ORL, ce qui s’inscrit parfaitement dans mon parcours d’étude. J’avais encore le souvenir de mes premières pièces réalisées par fraisage en BTS, et je pouvais à présent étudier des opérations d’enlèvement de matière faites par un outil similaire mais pour soigner des personnes. J’ai aussi œuvré au développement d’un modèle artificiel 3D pour l’entrainement en chirurgie otologique. Je trouve incroyable le fait de pouvoir modéliser une partie de l’anatomie humaine, puis de la fabriquer en 3D à des résolutions suffisantes pour que les chirurgiens spécialisés puissent se servir du modèle pour s’entrainer comme s’ils le feraient sur un être humain. Cette thèse s’est présentée comme une opportunité unique de pouvoir mettre en application les méthodes et outils de la mécanique pour améliorer la compréhension et la pratique d’interventions chirurgicales fondamentales pour des millions de personnes (traitement de la surdité ou malentendance, d’infections ou d’excroissances internes, …).

 

Quel est le lien entre ta thèse et ton travail actuel ?

Quelques mois après avoir soutenu ma thèse, j’ai intégré le laboratoire ICube à Strasbourg, dans le pôle biomécanique de la plateforme de recherche multidisciplinaire IRIS (Imagerie, Robotique et Innovation en Santé). Les projets sur lesquels je travaille sont directement issus du milieu clinique, avec pour but de répondre à des besoins de praticiens hospitaliers ; ce sont d’ailleurs souvent de conversations entre mécaniciens et médecins qu’émergent les nouvelles idées. Parmi les activités de mon travail actuel, il y a beaucoup de caractérisation de matériaux afin d’identifier ceux qui seront le plus à même d’être utilisés pour réparer ou remplacer les tissus humains, mais aussi de la mise au point de montages expérimentaux, de protocoles d’essais originaux, etc.


Quels conseils donneriez-vous aux futurs doctorants ?

N’écoutez pas vos peurs et ne cessez jamais de vous poser des questions ! Le milieu de la recherche est éprouvant et il faut donner beaucoup de soi face à des difficultés qui ont parfois l’air insurmontables et peuvent miner notre confiance. Pour avancer, il faut garder un esprit aiguisé et une grande curiosité à l’égard du monde, et pas seulement dans notre domaine. J’ai trouvé que la thèse est une grande aventure humaine où l’échange est permanent et nécessaire : avec ses encadrant(e)s de thèse bien sûr, mais aussi avec les autres doctorants du laboratoire, ses amis, … La recherche ne se fait jamais seul, et même si les motivations personnelles sont importantes, il faut avoir en tête le bien commun pour qu’elle vive et garde son sens.


Quels sont tes projets futurs et comment envisages-tu ton développement professionnel ?

J’aimerais continuer de travailler dans la biomécanique : c’est un domaine fascinant et encore trop peu exploré. Je ne souhaite pas continuer à tout prix dans la recherche publique même si c’est un contexte de travail qui me plait beaucoup, avec un accent fort sur l’utilité sociale et moins d’exigences de profitabilité qu’en entreprise. Dans tous les cas, je souhaite continuer à monter en compétences et à viser de plus grands horizons autant humainement que techniquement. Un environnement de recherche très dynamique et ancré dans des problématiques concrètes me conviendrait parfaitement.

A plus long terme, j’aimerais également développer une activité annexe en entreprenariat, par exemple autour de la fabrication d’appareils de culture microbienne. J’ai aussi un intérêt fort pour le vélo (et autres machines à pédales), l’artisanat (notamment la céramique et la menuiserie) et les biomatériaux pour la construction. Mon avenir se trouvera sûrement au carrefour de quelques-uns de ces chemins !

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