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La recherche scientifique : de la quête de sens aux solutions de demain


Quentin BOURGOGNE
Quentin BOURGOGNE

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Pouvez-vous retracer votre parcours qui vous a conduit à entreprendre une thèse ?

J’ai démarré mon parcours par une école d’ingénieurs, l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Metz (ENIM). En y entrant, je n’avais pas encore une vision claire du domaine dans lequel je voulais travailler. L’idée d’entreprendre une thèse est donc venue bien après. Être au contact d’enseignants-chercheurs passionnés et aborder des notions scientifiques poussées m’ont convaincu de poursuivre dans le domaine plus technique, axé sur la mécanique théorique et sur la science des matériaux. C’est une fois arrivé en cinquième année que j’ai décidé de mener un master Recherche en parallèle de mon diplôme d’ingénieur, afin de poursuivre dans la recherche scientifique. C’est un domaine que je trouve excitant car très exploratoire et qui permet d’apprendre continuellement. Cela en fait un environnement très stimulant pour les rêveurs ! C’est également un métier qui nous permet de ressentir de belles émotions car il est toujours valorisant de savoir que, lorsque nos recherches aboutissent, pendant un instant, nous détenons un petit morceau de vérité que nous sommes les seuls à posséder.

 

En quoi consiste votre thèse en quelques mots ?

J’ai fait une thèse CIFRE sur le dimensionnement de pièces automobiles en composites, en partenariat avec une entreprise. L’objectif était de remplacer des pièces métalliques par des pièces en polymères renforcés de fibres, moins énergivores à produire et bien plus légères. L’application souhaitée étant une pompe à eau de refroidissement de moteur, j’ai travaillé sur la caractérisation expérimentale des matériaux et le développement de modèles mathématiques permettant de prédire leur résistance en fonction de nombreux paramètres tels que l’orientation et le décollement des fibres, la température et l’absorption d’eau. Ces éléments ont permis de donner aux ingénieurs travaillant sur ce type de pièces les outils nécessaires à l’estimation de la résistance réelle de la pièce en train d’être conçue, en fonction de son environnement de sollicitation.

 

Pourquoi une thèse CIFRE ?

La thèse CIFRE permet de vivre un concentré d’expériences différentes. Elle allie recherche fondamentale et appliquée et permet de se familiariser avec les contraintes relatives à la recherche et les échéances propres au monde industriel. Ma formation d’ingénieur m’a ainsi été particulièrement utile car, en plus de mes travaux de thèse, j’ai pu porter la casquette de chef de projet et d’expert sur le choix de matériaux. La force de la thèse CIFRE est qu’elle permet d’avoir une vue d’ensemble des différentes nuances du métier de chercheur, selon qu’il évolue dans un laboratoire ou dans un centre R&D, tout en ayant la satisfaction de voir une application directe de ses travaux.

 

Pourquoi avoir choisi la recherche publique après la thèse ?

L’avantage de la thèse CIFRE étant d’avoir les deux visions du métier, j’avais tous les éléments en mains pour choisir. J’ai choisi le domaine public pour plusieurs raisons. La première étant tout simplement un attrait pour la science fondamentale. Cela m’aurait frustré de réfléchir en termes de produit et de ne travailler que sur une application. Travailler dans le domaine public permet de diffuser plus librement mes travaux et toucher ainsi toutes les applications où cela pourrait s’avérer utile, tout en ayant la possibilité d’explorer des pistes que le calendrier industriel ne permettrait pas. La seconde raison découle directement de la première. En effet, j’ai toujours eu à cœur d’agir selon mes valeurs et de donner un sens noble à mes actions. J’ai ainsi privilégié ce que j’estimais être le bien commun en rendant mes travaux publics pour toucher le plus grand nombre d’applications, de l’automobile à l’aérospatial, et maximiser ainsi leur impact. Il aurait bien sûr été plus lucratif de travailler dans le secteur industriel, mais je n’aurais pas eu la satisfaction de savoir que mes travaux sont aujourd’hui utilisés à travers le monde et pour diverses applications. Bien que ce soit une goutte d’eau dans l’océan, je sais ainsi que j’ai, même très modestement, permis d’alléger bien des structures et permis d’économiser autant de tonnes de CO2 à notre atmosphère. Se lever tous les matins pour contribuer un tant soit peu à la sauvegarde de l’espérance de vie humaine et de la planète, ça, ça n’a pas de prix.


Comment vous projetez-vous professionnellement ?

Je suis désormais jeune Maitre de Conférences au LEM3, à Metz, et j’enseigne à l’ENIM, là où j’ai étudié. C’est un retour aux sources qui me permet de rendre ce qu’on m’a donné et de transmettre non seulement des compétences scientifiques mais également mon expérience afin d’accompagner au mieux les étudiants dans leur projet professionnel. J’étends mon domaine de recherches aux bio-composites à base de fibres naturelles et aux applications transverses en partenariat avec des équipes de tribologie et de biomédical. D’un point de vue personnel, j’aimerais développer des projets de vulgarisation et de sensibilisation auprès du grand public autour de la recherche scientifique et des enjeux auxquels elle tente de répondre.

 

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