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Photo du rédacteurThomas PARENT

La recherche en Génie Civil au service de notre patrimoine architectural


Thomas Parent, Maitre de Conférence En Génie civil, Université de Bordeaux

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Pouvez-vous nous décrire ce qui vous a conduit à faire une thèse ?

Après un bac scientifique, et une prépa Math-sup math-Spé, j’ai intégré l’école des Arts et Métiers à Angers, école spécialisée dans le génie mécanique et industriel. A la fin de cette formation, j’ai ressenti le besoin de me réorienter dans un domaine qui m’intéressait depuis tout jeune : le Génie Civil. C’est pourquoi j’ai rejoint le master de Génie civil à l’université de Toulouse.

Dans ce cursus, un de nos enseignants-chercheurs Michel Mouret (que je remercie chaleureusement) a présenté à la promotion dans un mini module, ses activités relatives à la recherche, le métier de chercheur, les thèmes abordés dans son laboratoire, les enjeux de la recherche en génie civil. Je découvrais alors un nouveau monde que je voulais explorer. J’ai tout de suite accroché et su immédiatement que je voulais me tourner vers la recherche : résoudre des problèmes, répondre à des questions fondamentales, prendre le temps de d’approfondir un sujet scientifique, se donner la peine d’aller au bout des réflexions.

J’ai alors commencé à me renseigner sur les opportunités de thèses au sein du laboratoire de recherche de Génie Civil de Toulouse (LMDC). En discutant avec mes différents enseignants du master, j’ai finalement trouvé un sujet de thèse CIFRE (financé par l’entreprise GINGER EBTP).


Sur quel Sujet portait votre thèse ?

J’ai travaillé sur le développement de méthodologies pour le diagnostic structurel des monuments historiques. Ce sujet de Génie-Civil est multidisciplinaire et fait appel à la science des matériaux, à la résistance des matériaux, à l’architecture et l’histoire, au calcul de structure et aux méthodes expérimentales de suivi d’ouvrage et de caractérisation des matériaux en œuvre. Une étude de cas concrète nous a permis de valider la méthodologie développée. Il s’agissait de l’ancien réfectoire du prieuré Saint-Martin des champs (actuelle bibliothèque du CNAM à Paris), chef d’œuvre de l’architecture gothique (figure ci-dessous).












Ancien réfectoire du prieuré Saint-Martin des Champs : A gauche : vue intérieure, à droite résultat d’une modélisation par la méthode des éléments finis


Pouvez-vous nous décrire comment vous avez vécu votre thèse CIFRE ?

Dans le cadre d’un financement CIFRE, le doctorant est salarié de l’entreprise. Il s’agit donc d’une collaboration tripartite entre le doctorant, l’entreprise et le laboratoire de recherche. C’est très formateur d’un point de vue relationnel et organisationnel dans le sens où il faut toujours être en mesure de faire converger les objectifs de chaque parti. Du côté de l’entreprise, l’enjeu est de mener des travaux de recherche dont on sait que l’objectif doit être la mise en place d’outils et de méthodes applicables et utilisables par les ingénieurs en poste et tout cela en adéquation avec les exigences techniques et économique de l’entreprise. Du coté laboratoire et pour avoir son doctorat, il est indispensable de faire avancer la recherche en innovant et en levant des verrous scientifiques relatifs au sujet de la thèse. L’enjeu d’une thèse CIFRE est selon moi de réussir à faire converger les enjeux universitaires et ceux liés à l’entreprise.

La thèse CIFRE permet également d’élargir son réseau avec les entreprises. C’est un avantage lorsque l’on devient chercheur car on sait qu’aujourd’hui, une part non négligeable de la recherche est financée par les entreprises privées.


Quels conseils pouvez-vous donner pour bien réussir votre thèse ?

Premièrement, je dirais qu’il est indispensable de bien choisir l’équipe encadrante de thèse. Un bon directeur/encadrant doit être présent, prendre le temps de s’investir dans le projet, savoir donner la bonne direction et proposer un suivi régulier. Pour donner un exemple, pendant ma thèse, j’avais une réunion hebdomadaire avec mes directeurs afin de présenter mes travaux. Cela impulse une dynamique.

Deuxièmement, je recommande aux doctorants de rédiger régulièrement les résultats des travaux (bibliographie, résultats expérimentaux, développement de modèles etc…) de telle sorte de ne pas se retrouver à la fin de la thèse avec une période de rédaction très dense et très exigeante.

Enfin, profiter de ces 3 ans, car ce sont réellement les seules années on nous laisse la possibilité de se concentrer à plein temps sur un sujet de recherche sans autre contraintes diverses.


Quel est votre métier aujourd’hui ?

Grâce à cette thèse obtenue, j’ai demandé la qualification me permettant d’être éligible à une candidature à un poste de maître de conférence. Après une année d’ATER à Toulouse, j’ai obtenu mon poste d’enseignant chercheur à l’université de Bordeaux au sein du laboratoire I2M. J’enseigne le génie civil dans le département GCCD de l’IUT de Bordeaux.

Je continue mes recherches dans le domaine de la préservation du patrimoine notamment en participant activement au chantier scientifique Notre-Dame de Paris. Je coordonne dans ce cadre le projet de recherche DEMMEFI visant à proposer des nouveaux outils de calcul pour la modélisation mécanique des structure maçonnées anciennes (cf. illustration ci-dessous).


Projet DEMMEFI : Modélisation continue d’une travée de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

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