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Photo du rédacteurGwenaëlle MEYRUEY

Gwenaëlle MEYRUEY- Ingénieure & Docteure en Matériaux- PostDoc Université de Colombie-Britannique


Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Pouvez-vous décrire votre parcours ?

Après 2 années en Licence de Chimie, j’intègre la formation d’ingénieur Matériaux de l’école Polytech’ de Montpellier. À mi-parcours, je pars poursuivre ma formation à l’école Polytechnique de Turin qui me permet d’obtenir un double diplôme d’ingénieur. Au cours de mon cursus, j’ai eu l’occasion d’effectuer deux stages en entreprise. Le premier, chez Sabena Technics, entreprise de maintenance aéronautique, ou j’ai travaillé sur les problèmes de corrosion des alliages d’aluminium rencontrés sur certaines pièces de canadairs. Le second à Berlin, au sein de l’entreprise Atotech, spécialisée dans les produits chimiques pour l’électronique et le traitement de surface. Durant ce stage j’ai travaillé sur les méthodes de contrôle du dépôt de cuivre sur des plaques de silicium utilisées pour des composants de microélectroniques.

Après quoi, je suis revenue en France et j’ai débuté une thèse CIFRE sur le vieillissement des alliages d’aluminium renforcés par des particules de céramique au sein du laboratoire MATEIS à l’INSA de Lyon.

Le titre de Docteur en poche, je commence par travailler 2 ans pour Metal’IN, jeune entreprise de prestation et de conseils dans le domaine de la métallurgie, en tant qu’ingénieure de recherche. Ayant cependant envie d’une expérience professionnelle à l’étranger, je quitte cette entreprise pour partir faire un post-doctorat au sein de l’Université de Colombie-Britannique, à Vancouver, ou je poursuis encore actuellement mes recherches dans le domaine des alliages d’Aluminium.


Pourquoi avoir choisi de faire une thèse après l’école d’ingénieur ?

Un diplôme d’ingénieur ouvre de nombreuses portes bien différentes les unes des autres. Pour ma part, je me sentais plus intéressée par le domaine de la Recherche et du Développement (R&D). J’ai donc postulé à différentes offres, notamment à des thèses. Finalement, j’ai trouvé un très bon compromis qui est celui de la thèse CIFRE, qui permet de faire de la recherche académique tout en gardant le contact avec le milieu industriel. Les sujets ont souvent des applications industrielles directes qui selon moi rendaient les sujets plus stimulant et motivant.


Qu’est-ce que la thèse vous a apporté ?

En premier point, indéniablement, la thèse développe de nombreuses compétences scientifiques et techniques. Selon les sujets et l’environnement dans lequel la thèse se déroule il est possible d’accéder à un large éventail de connaissances et de techniques expérimentales.

Les compétences acquises ne sont néanmoins pas uniquement scientifiques. Des qualités telles que l’esprit de synthèse, l’aisance à l’oral, la gestion du stress et de la pression sont largement améliorées après 3 ans de thèse.

La thèse est également un long projet dont le doctorant est le principal coordinateur. Il faut apprendre à gérer les délais, les contraintes techniques mais également apprendre à travailler avec les différents collaborateurs qui interviennent et maintenir la cohérence et la bonne avancée de ce projet.

Le cadre des thèse CIFRE est une bonne occasion d’acquérir des connaissances plus spécifiques à un secteur industriel et à ses enjeux. Cela requiert également d’apprendre à adapter son discours à son audience. En effet, au sein d’une entreprise il faut parfois s’adresser à des personnes qui n’ont pas les mêmes connaissances scientifiques et pour lesquels l’intérêt du projet ne correspond pas toujours à celui du laboratoire partenaire.


Quelle est selon vous l’importance qu’auront eu vos expériences à l’étranger ? Que vous ont-elles apporté ?

Pour ma part, je sais que mes expériences à l’étranger ont à plusieurs reprises fait la différence. Elles sont une épreuve d’ouverture d’esprit et d’une bonne capacité d’adaptation. Dans le domaine de la recherche, ces expériences sont importantes pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’elles permettent d’accéder à plus de savoir-faire et de connaissances, mais également pour s’intégrer à la communauté de chercheurs de ton domaine avec qui tu peux plus facilement échanger et partager les progrès réalisés.

Bien évidemment, grâce à ses expériences j’ai aussi progressé en anglais. Dans les laboratoires qui accueillent de nombreux chercheurs/étudiants internationaux ou au sein des entreprises où les échanges se font principalement avec des interlocuteurs étrangers, être plus à l’aise en anglais ne peut être que bénéfique ! Donc je conseille à tous ceux qui ont l’occasion de collaborer avec des laboratoires étrangers pendant leur thèse de le faire et de profiter des conférences pour nouer des liens avec des laboratoires à l’international. Ils pourront peut-être à un moment de votre thèse vous apporter l’aide dont vous avez besoin ! Et même pourquoi pas, de partir en post-doctorat dans un autre pays ! C’est une option à réellement considérer pour ceux qui veulent une expérience supplémentaire à l’étranger.


Quelles sont pour vous les qualités nécessaires pour réussir en thèse ?

Même si un minimum de connaissance est préférable avant de se lancer dans une thèse, il n’est quand même pas attendu que le doctorant soit déjà un expert à son arrivée. La plupart des connaissances propres au sujet sont acquises en cours de route. Le but aussi c’est quand même d’apprendre ! En revanche il faut une réelle motivation, de la persévérance, de la patience et beaucoup de curiosité. Je pense que les chances de réussites sont meilleures si le doctorant s’intéresse aux différentes choses qui l’entoure dans son environnement de travail et s’il arrive à trouver les ressources dont il a besoin. Il faut également être autonome et savoir prendre des initiatives.


Quels sont les conseils que vous donneriez à un futur doctorant ?

Je dirais que l’encadrement et l’environnement de travail ont un énorme rôle à jouer dans la réussite d’une thèse. Être bien entouré est très important. Avant de se lancer, il faut vraiment prendre le temps de se renseigner sur le laboratoire et l’équipe dans laquelle la thèse sera réalisée, profiter des entretiens pour discuter avec les doctorants déjà présents par exemple. Avoir des retours sur les encadrants peut être utile car des mauvaises relations avec ses directeurs de thèse peuvent rendre la tâche très difficile. Ensuite il faut aussi bien choisir son sujet, vérifier que le contenu répondra à nos attentes et qu’il sera suffisamment intéressant pour ne pas perdre trop en motivation si les choses se compliquent. Mais la thèse une expérience formidable, riche et intense au cours de laquelle on fait beaucoup de rencontres, on apprend énormément professionnellement et sur soi-même. Quelle que soit la difficulté, le résultat procure une énorme fierté et pour ma part je garde un très bon souvenir de cette étape de mon parcours.

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