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Faire une thèse à tout âge ? Oui, c’est possible !

Photo du rédacteur: Pierre SARRAMAIGNAPierre SARRAMAIGNA

Pierre SARRAMAIGNA
Pierre SARRAMAIGNA

Merci beaucoup pour le témoignage


Quel est votre parcours avant d’entrer en thèse ?

J ’ai un parcours assez atypique pour un « jeune docteur » …Mon parcours professionnel a débuté il y a plus de 25 ans dans le sport. Par la suite, j’ai navigué professionnellement autour des questions de développement des compétences, de l’organisation et du management de projet. Grâce à la formation continue, j’ai pu acquérir un diplôme de Master 2 en Management et Administration des Entreprises avec une spécialité en ingénierie de projet. C’est grâce à ce parcours que j’ai découvert qu’il était possible pour quelqu’un comme moi qui reprenait ses études de pouvoir les poursuivre jusqu’à l’obtention d’une thèse.

A la suite de ce master, je me suis reconverti dans le conseil en entreprise, spécialisé dans les démarches d’excellence opérationnelle des organisations et j’ai pu mener différents projets pour différentes organisations privées et publiques de toutes tailles.

A la suite d’une discussion avec mon employeur, nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure de la recherche en collaboration avec le laboratoire Quartz de l’ISAE Supméca de Saint - Ouen et l’École Doctorale de Cergy Paris Université. Il m’a fallu 10 ans pour réunir les conditions de réalisation de ma thèse (sujet, laboratoire, entreprise d’accueil et financement…).

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à faire une thèse ?

J’ai toujours été curieux de nature et aimé apprendre et transmettre. Au fur et à mesure de mon parcours de doctorant, j’ai pu comprendre que mes aspirations et motivations de départ n’étaient pas celles qui me guidaient. Obtenir un diplôme de docteur malgré un parcours de professionnel et de formation fait de navigations entre différents métiers et différentes formations continues aurait pu constituer une forme de résilience et de revanche a priori.

Mais il n’en était rien, en fait, j’ai (re)découvert que j’aimais avant tout me lancer des défis. Avec ces 3 ans de thèses, j’ai dû en relever plusieurs :

  • Reprendre des études scientifiques plus de 20 ans après avoir quitté les bancs de l’Université (même si j’ai repris plusieurs fois le chemin menant aux diplômes supérieurs licence et master),

  • Poursuivre des activités de recherche essentiellement à distance, malgré 2 ans de COVID,

  • S’intéresser et approfondir des sujets dont les préoccupations étaient plutôt portées par mon employeur que par moi-même,

  • Aller au bout de mon engagement CIFRE de 3 ans et de ma thèse malgré 6 mois d’éloignement pour des raisons de santé, sans prolonger la période de recherche,

  • Travailler tout en effectuant les travaux de recherche…

 

Quels sont brièvement les travaux réalisés dans le cadre de votre thèse ?

Mes travaux de recherches ont gravité autour de la transformation des entreprises vers l’Industrie 4.0 (digitalisation mais pas seulement). L’objectif de cette thèse était d’élaborer des outils et des méthodes d’intervention pour accompagner les entreprises clientes du cabinet de conseil qui m’employait.

Grâce à cette recherche, j’ai ainsi pu travailler sur l’étude des diagnostics de maturité industrielle, les processus de transformation mis en œuvre et ainsi démontrer que le lien entre maturité industrielle et performance n’était pas suffisamment prouvé pour élaborer des scénarii de transformation basés sur l’élévation de la maturité industrielle était une hérésie (malheureusement, il s’agit là d’une majorité de feuilles de route mises en œuvre, comme décrit dans la littérature étudiée).


Qu’est-ce que la thèse vous a apporté ?

Une thèse de trois ans, en alternance avec la réalisation d’un métier en parallèle des activités de recherche, et ce, malgré une convention CIFRE, est un parcours exigeant où les défis, les déconvenues et les joies se succèdent comme les montagnes russes. Grâce à cette expérience, j’ai renforcé mes capacités à travailler en totale autonomie au sein d’une équipe, à exercer un regard critique sur les travaux scientifiques, et en général sur les actualités, tout en développant une certaine rigueur quant à la mise en œuvre de mes propres travaux.

Cette thèse a également été l’occasion de faire des rencontres scientifiques et industrielles importantes pour la suite de ma carrière, par le développement d’un réseau que je vais pouvoir activer.

Enfin, cette période de recherche a, pour moi, été l’occasion de faire une rencontre importante avec mon directeur de thèse, Pr Marc Zolghadri, qui a osé accueillir un doctorant de plus de 45 ans dans son équipe.

 

Quel poste occupez-vous aujourd’hui et en quoi votre doctorat vous est-il utile ?

Après ma thèse j’ai repris mes activités de consultant-formateur. J’ai souhaité poursuivre mes activités de recherche au sein du cabinet qui m’employait, malheureusement, l’entreprise a pris d’autres orientations stratégiques.

Je n’ai donc pas pu poursuivre en post-doc, mais j’ai poursuivi mes lectures de mon côté, notamment sur la thématique de l’obsolescence et plus particulièrement de l’obsolescence des savoirs et savoir-faire dans une réflexion globale sur les systèmes de développement des compétences.

Mon parcours atypique ne facilite pas l’accès à une carrière dans une université ou une école d’ingénieur (« trop vieux », « pas assez de publications », etc.).

Aussi, j’envisage de développer mes propres travaux en créant mon entreprise et en poursuivant ma collaboration avec mon directeur de thèse.

 

Avez-vous des conseils pour une personne qui hésiterait à se lancer dans une thèse ?

Une thèse est une expérience particulière qui met le doctorant à l’épreuve de lui-même : si la curiosité n’est pas une qualité d’un aspirant à la recherche, mon conseil serait de faire autre chose…

En revanche, si avoir une réelle appétence pour résoudre des problèmes complexes, pour apprendre de nouvelles choses, être persévérant et endurant sont des qualités qu’une personne a et souhaite développer, alors, je recommande de faire une thèse. Car quelles que soient les motivations à l’entrée de ce parcours, elles seront fortement bousculées, tout comme les croyances de chacun. Pour l’avoir vécu, traiter d’un sujet qui ne vient pas de soi est un processus difficile pouvant mettre en jeu le courage de chacun.

Il me parait également judicieux de bien s’entourer (laboratoire, direction de thèse…) et de veiller à ce que les conditions d’exécution et de suivi de ces 3 années soient bien au rendez-vous tout au long de la démarche. Il me semble également important que l’entourage personnel du doctorant soit aussi préparé et présent, car les lignes bougent tellement que le soutien de ses proches est important.

Dernier conseil si vous hésitez, lancez-vous, vous verrez !

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