Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview avec versions française et anglaise !
Pourriez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a motivé à faire une thèse ?
Mon parcours a été quelque peu atypique. J’ai été sportif de haut niveau pendant plusieurs années au sein du club de Montpellier handball, avec pour objectif de devenir joueur professionnel. Toutefois, j’ai toujours souhaité mener de front un double projet, à la fois sportif et universitaire, et j’ai ainsi suivi parallèlement une licence de physique à l’Université de Montpellier. Cette licence a été parfois chaotique : entre mes entraînements quotidiens, mes déplacements réguliers en France et en Europe, et mes obligations académiques, la gestion du temps s’est avérée complexe. Malgré cela, j’ai réussi à décrocher mon diplôme. Par la suite, j’ai choisi de privilégier mes études et de poursuivre en Master, toujours en physique. C’est au cours de ce Master, à travers deux stages, que j’ai découvert le monde de la recherche. Mes maîtres de stage m’ont transmis leur passion pour leur métier, m’ont ouvert les portes de la recherche scientifique, et il n’y a alors plus eu de doute pour moi : je voulais poursuivre mon parcours en doctorat et m'investir dans un laboratoire de recherche.
Comment bien choisir son sujet de thèse ?
Certaines personnes savent dès le début quel domaine les passionne et où elles souhaitent orienter leur doctorat, ce qui leur facilite grandement le choix du sujet. Ce n’était pas forcément mon cas, je souhaitais faire un doctorat mais je ne savais pas dans quel domaine ni sur quel sujet me concentrer. Le choix du sujet a donc été un véritable défi. Je manquais d’une connaissance approfondie des laboratoires de recherche français et j’avais du mal à me projeter sur un sujet à partir de sa simple description. J’ai donc hésité pendant un certain temps. Le seul conseil que je souhaiterais donner aux futurs doctorants et doctorantes est justement de ne pas se concentrer uniquement sur le sujet en soi. Premièrement, je suis convaincu que n’importe quel sujet peut devenir passionnant dès lors qu'on choisit de l’explorer en profondeur. En revanche, l’encadrement du sujet est essentiel : c’est lui qui déterminera votre épanouissement ou vos difficultés pendant le doctorat. Il est donc crucial de prendre le temps de rencontrer différents encadrants, de poser des questions et, surtout, de vous fier à votre instinct.
En quoi consiste votre thèse en quelques mots ?
Mon doctorat porte sur la détection infrarouge. Pour résumer simplement, nos yeux ne perçoivent que la lumière visible, qui s’étend du rouge au bleu. Cependant, tout objet ou corps "chaud" émet un rayonnement thermique que nous ne pouvons pas voir. L’imagerie infrarouge ouvre alors une fenêtre sur un monde où l’obscurité n’existe pas : dans ce monde, chaque objet émet de la lumière en permanence.
Le principal objectif de mon travail de doctorat était de concevoir une nouvelle technologie de détecteurs capable de capter ce rayonnement invisible. Bien que l’imagerie infrarouge soit relativement méconnue du grand public, elle couvre des domaines variés et essentiels : d’abord militaire, où elle permet de repérer des individus, des véhicules ou des missiles dans des conditions difficiles ; puis spatial, pour l’observation de galaxies lointaines ou l’analyse de l’atmosphère terrestre ; enfin médical, pour diagnostiquer, de manière non invasive et sans risques, certains types de cancers.
Quels sont les points les plus difficiles, les plus excitants dans votre parcours de thèse ?
Je pense que l'un des aspects les plus difficiles du doctorat est d'appréhender sa durée, qui s'étend sur trois, voire quatre années : c’est un véritable marathon où il faut savoir maintenir sa motivation. La relation avec vos encadrants devient alors essentielle pour vous orienter et vous soutenir tout au long de ce parcours. De manière générale, dans le monde de la recherche, la résilience est une qualité fondamentale : 90 % du temps, nous n’obtenons pas de résultats, et les expériences échouent. Il faut donc savoir persévérer, continuer, et rester déterminé, sans jamais se laisser décourager, ce qui peut parfois être difficile.
Parmi les moments les plus excitants, je citerais bien sûr les conférences. Je garde un souvenir inoubliable de ma première conférence à l'étranger. C’était la première fois que j’avais l’opportunité de présenter mes travaux devant la communauté scientifique internationale, un moment véritablement formateur sur le plan professionnel. Ce fut également l'occasion de rencontrer la personne qui m’a offert la chance de réaliser mon rêve : travailler à la NASA.
Quel est votre poste actuel ?
A la fin de mon doctorat, j’avais l’envie de partir à l’étranger, découvrir un autre pays, une autre culture du travail et de la recherche. Depuis bientôt deux ans, je réalise un Post-doc au Jet Propulsion Laboratory, l’un des centres de la NASA, en Californie. Toujours spécialisé dans le domaine de l’imagerie infrarouge, je travaille aujourd’hui sur le développement de nouvelles technologies infrarouges pour les nombreuses applications de la NASA. Je cherche notamment à développer des détecteurs qui pourront être installés sur les hélicoptères d’exploration de Mars dans leurs missions futures.
Et le handball dans tout ça ?
Pour boucler la boucle, en 2024 j’ai rejoint l’équipe de handball de Los Angeles avec laquelle nous sommes devenus champion des Etats-Unis puis d’Amérique du nord, une belle aventure humaine et sportive.
Between high-level sports and research: my journey to NASA.
Could you tell us about your background and what motivated you to pursue a PhD?
My journey has been somewhat atypical. I was a high-level athlete for several years with the Montpellier Handball club, aiming to become a professional player. However, I’ve always wanted to pursue a dual project, both athletic and academic, and thus simultaneously pursued a degree in physics at the University of Montpellier. This degree was sometimes chaotic: between my daily training, regular travel across France and Europe, and my academic obligations, managing my time was complex. Despite this, I managed to earn my degree. Afterward, I decided to prioritize my studies and continue with a Master’s degree, still in physics. It was during this Master’s program, through two internships, that I discovered the world of research. My internship supervisors passed on their passion for their work, opened the doors to scientific research for me, and from that point on, there was no doubt: I wanted to continue my journey with a PhD and get involved in a research laboratory.
How to choose the right subject for your thesis?
Some people know from the start which field they are passionate about and where they want to focus their PhD, which greatly simplifies the choice of topic. That wasn’t necessarily the case for me; I wanted to pursue a PhD, but I didn’t know what field or on which topic I wanted to focus on. So, choosing a topic was therefore a real challenge. I lacked in-depth knowledge of French research laboratories and had difficulty picturing myself working on a subject from just its description. I hesitated for some time. The only advice I would give to future PhD students is not to focus solely on the topic itself. First, I am convinced that any topic can become fascinating once you choose to explore it in depth. However, the supervision of the topic is crucial: it will determine whether you thrive or face difficulties during your PhD. It is therefore essential to take the time to meet with different supervisors, ask questions, and most importantly, trust your instincts.
What is your PhD about in a few words?
My PhD focuses on infrared detection. To put it simply, our eyes can only perceive visible light, which ranges from red to blue. However, any “hot” object or body emits thermal radiation that we cannot see. Infrared imaging thus opens a window on a world where darkness does not exist: in this world, every object emits light continuously.
The main objective of my PhD work was to design and develop a new sensor technology capable of collecting this invisible radiation. Although infrared imaging is relatively unknown to the general public, it covers a wide range of essential fields: firstly, military, where it can be used for the detection of individuals, vehicles or missiles in challenging conditions; then, in space, for the observation of distant galaxies or the analysis of the Earth's atmosphere; and finally, in medicine, for the safe, non-invasive diagnosis of certain types of cancer.
What are the most challenging and most exciting aspects of your PhD journey?
I think one of the most difficult aspects of a PhD is understanding its duration, which extends over three or even four years. The relationship with your supervisors becomes essential to guide and support you through the process. Generally speaking, in the world of research, resilience is a fundamental quality: in 90% of cases, results are not obtained, experiments fail. You have to know how to persevere, keep going and remain determined, without ever letting yourself be discouraged, which is sometimes difficult.
Among the most exciting moments, of course, were the conferences. I have unforgettable memories of my first conference abroad. It was the first time I had the opportunity to present my work to the international scientific community, a truly formative moment on a professional level. It was also an opportunity to meet the person who gave me the chance to realize my dream: to work at NASA.
What is your current position?
At the end of my PhD, I wanted to go abroad, to discover another country, another culture of work and research. For almost two years now, I’ve been doing a Post-doc at Jet Propulsion Laboratory, one of the centers of NASA, in California. Still specialized in the field of infrared imaging, I am currently working on the development of new infrared technologies for the many applications of NASA. Specifically, I am focusing on developing detectors that could be installed on NASA exploration helicopters for their future missions.
And what about handball in all this?
To close the loop, in 2024 I joined the Los Angeles handball team, with which we became champions of the United States and then of North America—a great human and sporting adventure