Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview
Pouvez-vous retracer votre parcours et votre choix d’avoir poursuivi en thèse.
Au départ, je n’étais pas sûr de ce que je voulais. J’étais intéressé par les sciences et la mécanique des fluides en particulier. J’ai commencé par une classe préparatoire scientifique, en espérant intégrer ensuite une école d’ingénieur. J’ai eu alors la chance (après avoir redoublé ma deuxième année) d’intégrer l’ENS-Cachan (aujourd’hui ENS Paris-Saclay). On nous a alors tout de suite introduits au monde de la recherche académique par notre formation.
En troisième année d’école (l’ENS se fait en 4 ans), j’ai eu l’opportunité de partir un an dans un laboratoire à Boston University, pour travailler sur la rupture de cône de liquide. C’était ma première véritable expérience avec le monde de la recherche et cela m’a donné envie de poursuivre. De retour en France, j’ai terminé ma formation avec un M2 en mécanique des fluides avec la ferme intention de continuer en thèse dans ce domaine. Lors d’une visite de laboratoire, j’ai rencontré mon futur directeur de thèse avec qui j’ai discuté de ma première expérience de recherche. Il m’a alors proposé un sujet dans un domaine proche.
En quoi consiste ta thèse en quelques mots ?
Ma thèse a consisté en l’étude numérique de l’éclatement de bulle à la surface des liquides. Quand on regarde un verre de champagne, on voit des bulles qui remonte à la surface. Ces bulles, une fois à la surface, éclatent en envoi de nombreuses gouttes dans l’air. Ces gouttes vont s’évaporer ce qui influe notre expérience de dégustation.
Cependant, ce n’est pas le seul domaine où l’on s’intéresse aux bulles. Dans l’océan, quand une vague déferle, elle va capturer de l’air. Cet air se brise en de multiples bulles sous la surface. En remontant, les bulles éclatent à la surface et les gouttes ainsi éjectées vont se retrouver dans l’air au-dessus de la mer (les fameux embruns).
Comprendre l’éclatement d’une bulle permet ainsi de mieux comprendre les échanges entre l’océan et l’atmosphère, ce qui à terme, peut permettre d’améliorer les modèles climatiques.
Quel est votre poste actuel ?
Aujourd’hui, j’ai un poste très différent. J’ai quitté les petites échelles et un milieu très académique. Je suis maintenant au CEA, pour travailler sur les modélisations thermohydrauliques des réacteurs nucléaires, dans le cadre des études de sûreté. C’est un travail à la frontière entre monde académique (compréhension de phénomène physique, encadrement de doctorant, rédaction d’article) et le monde industriel.
L’avantage du CEA, c’est que lorsque l’on rentre après une thèse, on est assez autonome sur notre travail et on peut au fur et à mesure modeler son poste de travail pour qu’il corresponde à ce que l’on souhaite (en l’occurrence pour moi, un travail entre la recherche académique et l’industrie nucléaire).
En quoi avoir une thèse vous aide dans votre poste actuel ?
La thèse m’a donné un ensemble de méthodes (recherche bibliographique, appropriation d’un sujet, démarche de recherche) qui sont essentielles dans mon travail d’aujourd’hui. Je ne suis plus à 100% sur un sujet, je suis réparti sur un ensemble de sujets différents. Il faut donc très régulièrement se former et repartir de presque 0, comme pour une thèse.
J’ai également à encadrer des doctorants, et donc à devoir les guider dans un travail de recherche. Ayant été à leurs places, j’ai une idée de ce qu’ils vivent et je peux donc les aider au mieux à avancer vers la réussite de leurs thèses.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
La thèse est une rencontre entre 3 éléments. Un encadrement, un sujet et le doctorant. Il faut que le futur doctorant ait conscience qu’il s’engage pour 3 ans, sur un unique sujet.
Il faut aussi avoir conscience que l’encadrement est probablement l’élément le plus important d’une thèse. Une thèse ce sont des succès (quand on comprend enfin un phénomène physique, son premier article publié, etc.), mais se sont aussi des échecs (une erreur de modélisation qui rend caducs 3 mois de calculs, l’impression régulière de ne pas avancer, une expérience qui casse au mauvais moment, etc.). Ce sont dans ces moments d’échec que l’encadrement est important, pour nous aider à rebondir et ne pas se morfondre. Je pense qu’il est plus important de bien choisir son encadrement, quitte à être un peu moins passionné par son sujet.