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De technicienne à chercheuse ou comment redéfinir son avenir

Dernière mise à jour : 4 mars


Justine SOLIER
Justine SOLIER

       LinkedIn, ThesesFr

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Peux-tu nous présenter ton parcours et pourquoi as-tu décider de faire une thèse ?

J’ai un parcours un peu atypique. Après un BTS en chimie, j’ai fait une licence professionnelle en formulation industrielle en alternance avec l’entreprise Saint Gobain Recherche. Ce poste en alternance m’a permis de poursuivre en CDI au même endroit sur un poste de technicienne de recherche. Je travaillais sur les matériaux isolants et plus spécifiquement sur des résines et des polymères biosourcés afin de substituer les produits issus de la pétrochimie. J’ai formulé les matériaux et développé des méthodes de caractérisations afin de répondre aux enjeux techniques de la mise en production de nouveaux produits.

J’ai passé 7 années sur ce poste qui ont été très enrichissantes sur le plan technique. Mais sur le plan de la recherche scientifique, je n’étais pas complètement épanouie. J’étais encadrée par des ingénieurs-docteurs, j’ai souvent discuté avec eux de leur thèse et de leur parcours et j’ai réalisé que leur poste correspondait davantage à mes attentes.

J‘ai donc décidé de reprendre mes études. Je souhaitais conserver mes compétences initiales en chimie, mais aussi garder la possibilité de travailler sur des matériaux plus durables. C’est donc tout naturellement que j’ai redémarré une licence 3 en chimie puis j’ai poursuivis avec un master toujours en chimie pour enfin pouvoir faire une thèse.


Comment bien choisir son sujet de thèse ?

Je trouve qu’un sujet de thèse doit surtout être en bonne adéquation avec nos valeurs. J’ai refusé plusieurs sujets de thèse qui ne me correspondaient pas. Même s’il s’agissait de sujets très intéressants d’un point de vue purement scientifique et technique, leurs domaines d’application ou les méthodes de mise en œuvre ne me satisfaisaient pas.

Je trouve qu’il est important de savoir vers quoi on veut aller, ça implique de connaitre les enjeux de chaque sujet et de se renseigner sur les impacts de ces projets. Cela pose aussi la question de la nature de la recherche, fondamentale ou applicative par exemple, et donc du type de bourses le plus adapté (Cifre, ANR, Concours école doctorale etc.). Enfin, la question du milieu académique ou industriel est importante, ce sont 2 façons de travailler assez différentes. A travers les stages, il est déjà possible de se faire une idée assez précise de ce que l’on préfère.

Un dernier élément pour choisir et pas des moindres, c’est le cadre. J’entends ici les laboratoires et entreprises concernés, l’encadrements (directeur(trice) de thèse et co-encadrant(e)s), l’ambiance et pourquoi pas le matériel à disposition. Il est parfois difficile d’obtenir ces informations mais il est important d’avoir plusieurs retours d’expérience et de contacter d’anciens thésards ou employés.


En quoi consiste ta thèse en quelques mots ?

Je devais synthétiser et caractériser des membranes polymères pouvant servir d’électrolyte pour les batteries au calcium. Aujourd’hui les batteries sont majoritairement des batteries dites Lithium-ions, elles sont donc composées de lithium aux électrodes mais également d’un solvant comme électrolyte, hautement inflammable. Le lithium est une ressource de plus en plus rare et sa substitution est un enjeu fort pour l’avenir des batteries. Par ailleurs, l’utilisation de solvants implique des problèmes de sécurités en cas d’incendie de batteries donc remplacer le solvant par un polymère, moins inflammable, permet de limiter les risques.


Quels ont été les éléments importants pour le succès de ta thèse ?

Je pense que ce qui m’a permis d’aller jusqu’au bout malgré les difficultés c’est de savoir pourquoi je la faisais. Une thèse n’est pas un long fleuve tranquille, on traverse des obstacles et des frustrations. Si on fait une thèse « parce qu’il fallait bien faire quelque chose après le master » ou qu’on a choisi ce sujet un peu par hasard, il est difficile de se raccrocher à quelque chose quand les éléments deviennent compliqués. Je savais que la recherche me plaisait, je savais que je maitrisais la science des polymères et j’avais le gout d’apprendre de nouvelles choses notamment dans les batteries que je ne connaissais pas avant. Et pour renforcer ces motivations, la communication est un éléments clé. La recherche se fait grâce aux échanges avec chacun, bien discuter de son sujet avec ces encadrants et collègues permet d’avancer.

Il est aussi évident que mes 7 années comme technicienne de recherche m’ont fortement aidées. Mon autonomie et mon organisation au laboratoire m’ont permis d’être plus sereine sur les parties techniques et de mieux appréhender les obstacles. Ces années m’ont aussi rendu plus forte et téméraire, elles m’ont apporté une plus grande maturité, nécessaire à la réalisation de ce projet.


A-t-il été compliqué de concilier vie de recherche et vie personnelle ?

La recherche est un domaine très prenant et il peut effectivement être difficile de ne pas faire que ça. J’ai rapidement décider de bien séparer les 2. Dès ma reprise d’étude, il a fallu jongler avec ces 2 mondes. Il était effectivement important de garder des moments déconnectés de la recherche qui permettent de se ressourcer et d’avoir chaque jour un regard un peu nouveau sur son sujet. Ça demande donc un peu d’organisation, de ne pas dédier son temps libre uniquement à la recherche même si dans le cadre d’une thèse, on a toujours notre sujet en tête.

De mon côté, ce qui m’a permis de concilier les 2, ce sont les interactions informelles, scientifiques et techniques en dehors du temps de thèse, les discussions avec les collègues dans un cadre plus léger. Cela me permettait d’avoir un regard différent sur mon travail. J’ai finalement beaucoup appris dans ces moment-là. Cela m’a permis de mieux profiter des moments de vie personnelle où je ne me sentais pas coupable de ne pas avancer sur ma thèse.

 

 

 

 

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