Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Version française
Peux-tu nous présenter ton parcours et pourquoi as-tu décidé de faire une thèse ?
Après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieure en ingénierie mécanique, j’ai choisi de poursuivre en thèse, guidée par ma passion pour la recherche et l’innovation. Mon intérêt pour les défis scientifiques et la résolution de problèmes complexes m’a naturellement orientée vers ce chemin. J’ai entrepris une thèse en ingénierie électrique au sein de l’institut Pprime, travaillant sur un sujet captivant lié à la caractérisation électrique des fluides diélectriques utilisés dans les systèmes électrohydrodynamiques.
En quoi consistait ta thèse, et quels en ont été les résultats marquants ?
Ma thèse portait sur la caractérisation électrique et thermique des fluides diélectriques, notamment les Hydrofluoroethers (HFE), utilisés dans les systèmes électrohydrodynamiques (EHD). Ces systèmes sont essentiels pour le refroidissement des dispositifs électroniques, dans des applications terrestres et spatiales.
Mon objectif principal était d’explorer comment les propriétés électriques des fluides HFE 7000 et HFE 7100 évoluent en fonction de la température. Pour cela, j’ai mené des analyses rigoureuses utilisant plusieurs méthodes à basse et à haute tension.
L’un des aspects novateurs de ma thèse a été l’étude de l’effet Kerr dans le HFE-7100. Cette technique électro-optique non intrusive a permis de visualiser les couches chargées aux interfaces fluide-électrode, ouvrant la voie à de nouvelles méthodes d’analyse pour ces fluides.
Les résultats de mes travaux ont contribué à une meilleure compréhension des propriétés des HFE, ce qui est crucial pour optimiser les performances des systèmes EHD dans divers environnements. Mon travail a ainsi permis de poser des bases solides pour le développement de solutions de refroidissement plus performantes et écologiques.
Qu’est-ce que la thèse t’a apporté au niveau personnel et professionnel ?
Sur le plan technique, ma thèse m’a permis de développer une expertise approfondie dans mon domaine, ainsi qu’une grande rigueur scientifique. J’ai également acquis de nombreuses soft skills, telles que l’esprit d’analyse, la logique et la pédagogie. Ces compétences se sont révélées précieuses tout au long de ma carrière. La thèse m’a offert des opportunités exceptionnelles, comme la participation à six conférences internationales, où j’ai renforcé mes compétences en communication et élargi mon réseau. J’ai également eu la chance d’enseigner, une expérience particulièrement enrichissante qui a renforcé ma capacité à transmettre mes connaissances.
Quel est ton poste actuel, et comment la thèse t’a-t-elle aidée dans ton parcours professionnel ?
Actuellement, je travaille en tant qu’ingénieure électromécanique chez Schneider Electric dans le domaine de la gestion de l’énergie. Mon poste me permet de relever des défis techniques variés, de travailler sur des projets innovants et de collaborer avec des équipes pluridisciplinaires.
La thèse a été un véritable tremplin pour ma carrière. Elle m’a permis de développer des compétences essentielles qui vont bien au-delà des aspects purement scientifiques. D’abord, elle m’a donné une capacité à résoudre des problèmes complexes de manière structurée et méthodique, une qualité extrêmement précieuse dans le monde du travail. La rigueur et l’autonomie que j’ai acquises au cours de mes recherches me permettent de gérer efficacement des projets, même dans des environnements exigeants.
Par ailleurs, la thèse m’a appris à communiquer des idées techniques de manière claire et persuasive, que ce soit par écrit, ou à l’oral. Ces compétences en communication sont indispensables dans mon rôle actuel, où il faut souvent expliquer des concepts complexes à des interlocuteurs variés.
Enfin, la thèse m’a donné une grande ouverture d’esprit et une capacité d’adaptation. Travailler dans un domaine de recherche innovant m’a appris à accueillir le changement et à chercher des solutions créatives. Cette expérience m’aide aujourd’hui à anticiper les défis, à innover dans mes approches et à m’épanouir professionnellement.
En résumé, la thèse m’a non seulement offert une expertise technique, mais aussi des qualités humaines et professionnelles qui me permettent de contribuer pleinement à mon entreprise et d’évoluer sereinement dans ma carrière.
Quels conseils donnerais-tu aux femmes qui hésitent à se lancer dans des carrières scientifiques et techniques ?
En tant que femme ingénieure et docteure, je suis convaincue que nous sommes tout aussi compétentes que nos homologues masculins. J’encourage les jeunes filles à oser s’aventurer dans les domaines techniques et scientifiques. C’est une mission qui me tient à cœur, et c’est pourquoi je suis aujourd’hui active dans une association visant à promouvoir les métiers scientifiques auprès des jeunes filles. À travers des événements et des échanges, j’essaie de leur transmettre la passion et la confiance nécessaires pour réussir.
English version
From Research to Industry: A Journey of an Engineer Passionate About Innovation and Knowledge Sharing
Can you present your background and why did you decide to pursue a PhD?
After obtaining my engineering degree in mechanical engineering, I decided to pursue a PhD, driven by my passion for research and innovation. My interest in scientific challenges and solving complex problems naturally led me to this path. I embarked on a PhD in electrical engineering at the Pprime Institute, working on an exciting topic related to the electrical characterization of dielectric liquids used in electrohydrodynamic systems.
What was the focus of your PhD, and what were the key results?
My thesis focused on the electrical and thermal characterization of dielectric liquids, specifically Hydrofluoroethers (HFE), used in electrohydrodynamic (EHD) systems. These systems are essential for cooling electronic devices in both terrestrial and space applications.
The primary objective of my research was to investigate how the electrical properties of HFE 7000 and HFE 7100 evolve with temperature. To achieve this, I conducted rigorous analyses using multiple methods under both low and high voltage conditions.
One of the innovative aspects of my thesis was the study of the Kerr effect in HFE-7100. This non-intrusive electro-optical technique allowed for the visualization of charged layers at liquid/electrode interfaces, paving the way for new analytical methods for these fluids.
The results of my research contributed to a deeper understanding of the properties of HFEs, which is crucial for optimizing the performance of EHD systems in various environments. My work laid a strong foundation for developing more efficient and eco-friendly cooling solutions.
What did the PhD bring you personally and professionally?
On a technical level, my PhD allowed me to develop in-depth expertise in my field, as well as a strong scientific rigor. I also gained many soft skills, such as analytical thinking, logic, and pedagogy. These skills have been invaluable throughout my career. The PhD opened up exceptional opportunities for me, such as participating in six international conferences, where I enhanced my communication skills and expanded my network. I was also fortunate to have the opportunity to teach during my PhD, a particularly enriching experience that further strengthened my ability to share my knowledge.
What is your current position, and how has your PhD helped you in your professional journey?
I currently work as an Electromechanical Engineer at Schneider Electric in the field of energy management. My position allows me to tackle diverse technical challenges, work on innovative projects, and collaborate with multidisciplinary teams.
The PhD has been a true springboard for my career. It helped me develop essential skills that go far beyond the purely scientific aspects. First, it gave me the ability to solve complex problems in a structured and methodical manner—an extremely valuable quality in the professional world. The rigor and autonomy I gained during my research enable me to efficiently manage projects, even in challenging environments.
Furthermore, the PhD taught me how to communicate technical ideas clearly and persuasively, whether in writing or verbally. These communication skills are indispensable in my current role, where I often need to explain complex concepts to diverse stakeholders.
Finally, the PhD instilled in me a strong sense of open-mindedness and adaptability. Working in an innovative research field taught me to embrace change and seek creative solutions. This experience now helps me anticipate challenges, innovate in my approaches, and thrive professionally.
In summary, the PhD not only provided me with technical expertise but also fostered personal and professional qualities that allow me to contribute effectively to my company and navigate my career with confidence.
What advice would you give to women who are hesitant to pursue careers in science and engineering?
As a female engineer and PhD holder, I am convinced that we are just as capable as our male colleagues. I encourage young girls to venture into technical and scientific fields. This mission is very important to me, which is why I am actively involved in an association aimed at promoting scientific careers to young girls. Through events and discussions, I try to inspire them with the passion and confidence needed to succeed.