Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Pourriez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a motivé à faire une thèse ?
J’ai commencé mes études en BTS maintenance aéronautique à Montpellier ma ville natale. Après le lycée je me voyais très clairement avec une clé de douze et les mains dans le cambouis dans un cadre qui me passionne. Alors que je me dirigeais vers un court cursus académique, j’ai pris gout aux études et l’envie de connaitre davantage m’amena en licence 3 à l’université de Bordeaux. Mes débuts à l’université n’étaient pas des plus simples du fait de la différence de niveau avec le BTS : je ne connaissais pas même l’existence de J. Fourier ou de P-S. Laplace alors que le reste de la promotion en avait étudié les théorèmes. Le défi était de taille mais je le relevai. Ce que j’ai le plus apprécié dans ces années universitaire c’est d’apprendre et de toujours apprendre alors, pour que mon chemin d’apprentissage perdure, j’ai continué en thèse à la recherche de mes limites.
Comment bien choisir son sujet de thèse ?
Pour qu’une thèse soit pleinement réussie, il est nécessaire que le sujet de thèse vous plaise. Mon sujet de thèse s’intitule « Mesure et prévision de la fiabilité des circuits numériques intégrés de dernière génération sous l’effet du vieillissement ». De toute évidence, la première fois que j’ai lu le sujet de thèse, je n’ai rien compris. Alors pourquoi j’ai choisi ce sujet ? Principalement parce qu’elle était financée par la Direction Générale de l’Armement (DGA) et que j’allais monter en compétence en conception FPGA. Ces deux points m’ont rassuré quant aux ouvertures de carrières post-thèse. Dans mon cas, je n’ai pas choisi le sujet de thèse pour « la beauté de la science » mais plutôt dans une perspective de construction de carrière professionnelle. Mon conseil quand vous choisissez un sujet de thèse c’est de déjà vous projeter sur l’après.
En quoi consiste ta thèse en quelques mots ?
La DGA maintien un référentiel de fiabilité qui est régulièrement complété avec l’émergence de nouvelles technologies. C’est dans ce contexte que ma thèse s’inscrit. J’ai mis en place un banc de test pour vieillir et mesurer les dégradations de circuits numériques reconfigurables (FPGA) pendant 10000 heures. J’ai vieilli neuf FPGA dans différentes conditions de température et de tension pour accélérer le vieillissement mais aussi pour stimuler certaines maladies, qu’on appelle en réalité mécanisme de défaillance. Après avoir mesurer les dégradations, j’ai traité/exploité/modélisé les résultats pour livrer un maximum de statistique quant à la durée de vie de mon FPGA.
A-t-il été compliqué de concilier vie de recherche et vie personnelle ?
En première année de thèse je me suis marié et en deuxième année j’ai eu un enfant. Certains dirons « tu es fou » et je dirai « oui », mais la folie ne contribue-t-elle pas au bonheur ? Je crois que la plus grosse difficulté que j’ai eue pour concilier ma vie en thèse et ma vie personnelle c’est une difficulté financière. Autrement, je trouve que ma situation personnelle n’a fait que m’aider dans le bon déroulement de la thèse, notamment en prenant du recul. Pour qu’une thèse ne soit pas le moteur de l’ascenseur émotionnel de votre vie, je crois qu’il est nécessaire de savoir prendre du recul et de relativiser les échecs et les victoires de thèse. Je pense qu’il est rare qu’un thésard profites de tous ses congés payés, et pourtant, on travail mieux quand on est reposé.
Quel est votre poste actuel ?
Je suis ingénieur docteur FPGA chez Expleo une entreprise de conseil. Je pilote un projet de recherche interne à l’entreprise dont l’objectif est de développer un modem Courant Porteur en Ligne. Environ 75% de mon activité c’est du pilotage de projet et 25% de contribution technique. Aujourd’hui je cherche un poste dans une startup pour retrouver l’esprit challenge de la thèse.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
Fonce !!