
Merci beaucoup pour votre témoignage
Pouvez-vous décrire le parcours qui vous a mené jusqu’au doctorat ?
J’ai commencé mon parcours académique en 2008 par un baccalauréat technologique en génie mécanique et automatisme. À la suite de cela, j’ai intégré une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) de 2010 à 2013, avant de rejoindre l’ENSTA Bretagne, où j’ai suivi la spécialité modélisation du comportement des matériaux de 2013 à 2016. Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieur, j’ai poursuivi avec une thèse CIFRE de 2018 à 2022, intitulée "Modélisation du comportement mécanique sous chargement des butées d’amortisseur en mousse de polyuréthane : vers une démarche de dimensionnement en fatigue".
Ma thèse m’a permis de me spécialiser dans la fatigue des matériaux polymères, en particulier dans le secteur automobile, où j’ai étudié les mécanismes de fatigue et leur impact sur la performance et la durabilité des composants.
En 2022, j’ai poursuivi mes travaux de recherche dans le domaine de la fatigue des matériaux métalliques, un sujet complémentaire à ma thèse et en lien avec les applications industrielles. Le but était d’utiliser la signature thermique des matériaux sous sollicitation cyclique afin de prédire leur durée de vie en présence de défauts.
A la suite de mon post-doctorat, j’ai intégré l’entreprise MATandSIM ou j’utilise dorénavant mes connaissances pour diriger des projets multidisciplinaires auprès de différents acteurs du secteur public et privé.
En quoi consistait votre thèse ?
Ma thèse a porté sur la caractérisation mécanique des butées d’amortisseur en mousse de polyuréthane, largement utilisées dans le secteur automobile pour leur rôle crucial dans l’amortissement des chocs verticaux et la préservation de l’intégrité de la suspension. Ces pièces, bien que courantes, présentaient un comportement complexe nécessitant la prise en compte de plusieurs phénomènes physiques. À l’époque, leur caractérisation en fatigue était limitée aux spécifications des clients, reposant sur des tests prédéfinis qui ne tenaient pas toujours compte de la variabilité des conditions réelles d’utilisation.
L’objectif de ma thèse était donc de développer une caractérisation expérimentale complète du comportement mécanique de ces butées, en m’appuyant sur des techniques avancées telles que la microscopie électronique à balayage (MEB) et la tomographie pour étudier la relation entre la microstructure et la performance mécanique.
Cette approche a permis d’identifier une loi de comportement, plus précise pour modéliser les propriétés de la mousse de polyuréthane sous sollicitations cycliques.
En combinant ces analyses expérimentales avec des modèles numériques, mon travail a permis de définir une méthodologie globale, toujours utilisée aujourd’hui, contribuant ainsi à une meilleure conception et à une plus grande durabilité de ces composants dans les véhicules, tout en répondant aux exigences strictes des industriels du secteur.
Pourquoi avoir choisi de faire une thèse après l’école d’ingénieur ?
J’ai choisi de faire une thèse après mon école d’ingénieur parce que, malgré la qualité de ma formation, je ressentais que celle-ci était trop généraliste. En sortant de l’école, je n’avais pas l’impression d’avoir acquis une expertise suffisamment poussée dans le domaine qui m’intéressait vraiment.
La thèse m’a offert l’opportunité de me spécialiser profondément, de travailler sur des problématiques concrètes et complexes, et de développer des compétences techniques et de recherche qui allaient au-delà de ce que j’avais pu aborder pendant mes études d’ingénieur.
Elle m’a permis d’acquérir une expertise spécifique tout en contribuant à la recherche et à l’innovation dans mon domaine d'intérêt, notamment en fatigue des matériaux. Cette spécialisation m’a donné un savoir-faire et un savoir-être que je n’aurais pas pu atteindre je pense dans le cadre d’un poste classique en entreprise après l’école d’ingénieur.
Quels conseils à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
Se lancer dans une thèse est une aventure exigeante mais très enrichissante.
Choisir un sujet qui vous passionne : Une thèse demande un investissement de temps et d’énergie considérable, donc il est crucial de choisir un sujet qui vous motive vraiment. Cela facilitera votre persévérance face aux défis et aux moments difficiles.
Trouver le bon directeur de thèse : Le choix du directeur est primordial. Il ou elle doit être un bon mentor, accessible et avoir des intérêts de recherche proches des vôtres. Il est aussi important que la relation soit basée sur le respect mutuel.
Planifier, mais être flexible : Bien qu'une bonne planification soit essentielle, soyez prêt à adapter votre travail au fur et à mesure. La recherche peut prendre des tournants inattendus, et l’adaptabilité est une compétence précieuse.
Travailler en réseau : Participez à des conférences, des ateliers ou des séminaires pour échanger avec d'autres chercheurs. Le réseautage vous permet d’élargir vos horizons, d’obtenir des retours sur votre travail et de rester au courant des avancées dans votre domaine.
Gérer son temps et son stress : La thèse peut être un marathon, pas un sprint. Il est important de savoir gérer son temps, de faire des pauses, de s’organiser et de prendre soin de sa santé mentale et physique. Un bon équilibre est nécessaire pour rester productif sur le long terme.
Ne pas craindre les échecs : Les échecs font partie intégrante de la recherche. Les résultats négatifs ou inattendus ne sont pas des échecs, mais des occasions d'apprendre et de s'améliorer.
Rester curieux et persévérant : La recherche nécessite une grande curiosité et une capacité à poser des questions. Soyez persévérant, car il y aura des moments où vous devrez surmonter des obstacles techniques, mais chaque difficulté résolue vous rapproche de votre objectif.
Ne pas hésiter à demander de l’aide : Si vous vous sentez perdu ou démotivé, n’ayez pas peur de demander de l’aide à votre encadrant, à des collègues ou à d’autres chercheurs. La collaboration est un atout majeur dans la recherche.
Enfin, rappelez-vous qu’une thèse est un apprentissage continu, non seulement sur le sujet que vous explorez, mais aussi sur vous-même et vos capacités à surmonter les défis.
En résumé
Mon parcours, qui a débuté avec un bac technologique en génie mécanique et s'est poursuivi jusqu'au doctorat, a été guidé par une volonté constante de me spécialiser et d'acquérir une expertise approfondie dans un domaine précis : la fatigue des matériaux et des structures.
La thèse a constitué un tournant décisif dans ma formation, me permettant de développer des compétences techniques approfondies et de contribuer à l’innovation dans le secteur automobile. Elle a également été une étape clé qui m’a ouvert des perspectives professionnelles enrichissantes, tant dans la recherche que dans l’industrie.
Pour ceux et celles qui souhaitent se lancer dans une thèse, je conseille de choisir un sujet qui les passionne, de cultiver la curiosité et la persévérance, et de savoir s’entourer des bonnes personnes et ressources.
Une thèse est avant tout un voyage d’apprentissage et de développement personnel, et bien qu’il puisse y avoir des obstacles, la satisfaction de contribuer à l’avancement des connaissances et de se spécialiser dans un domaine est une récompense inestimable.