Charles David, Project Sales Manager, Aperam 31 ans, thèse soutenue en mars 2018
à l'Université Grenoble-Alpes (école doctorale I-MEP2)
Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Quel est votre parcours ?
Originaire du Brésil, j’ai déménagé en France à l’âge de 18 ans, pour les classes préparatoires pour écoles d’ingénieurs. Après mes études à Chimie Lille en sciences des matériaux, j’ai effectué un stage chez Aperam, où j’ai étudié la corrosion des aciers inoxydables. J’ai poursuivi avec une thèse CIFRE à l’interface de la métallurgie et la corrosion, que j’ai soutenue en 2018. Ensuite, après trois années dans le centre R&D d’Aperam en tant qu’ingénieur Process, j’ai décidé il y a un an de faire un important virage de carrière et j’ai intégré le département commercial central du groupe.
Quelles ont été vos motivations pour réaliser une thèse en corrosion ?
Pourquoi travailler avec de l’acier inoxydable ? Pendant mes études, j’ai très vite choisi la science des matériaux et la corrosion : je trouve passionnant le fait que les métallurgistes se battent constamment pour sortir la matière de son état le plus stable, et que la matière à son tour ne cesse d’essayer d’y revenir par la corrosion. Les aciers inoxydables, comme la plupart des autres métaux, sont très concernés par ce bras de fer sans fin. Mais ils résistent plutôt bien à la corrosion, ce qui leur en fait un matériau de choix pour relever les défis que nous avons devant nous si nous voulons vivre dans un monde durable. Il faut dire aussi que mon choix a été aidé par l'entreprise dans laquelle j’ai grandi. Aperam (anciennement ArcelorMittal Stainless) est l’un des leaders mondiaux dans la fabrication d’acier inox. Avec environ 10 000 salariés et deux millions de tonnes d’inox produites par an, en plus d’être l’un des principaux acteurs européens du secteur, Aperam est aussi le seul fabricant d’inox en Amérique du Sud. Etant franco-brésilien, je savais que je pourrais apporter à l’entreprise plus qu’uniquement mes compétences techniques.
Vous avez parlé de votre changement récent de carrière. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi avez-vous fait ce choix ?
Mes années en recherche m’ont permis de beaucoup me questionner. C’est jusqu'à aujourd'hui la période la plus enrichissante de ma vie. Je me suis rendu compte que j’avais des compétences relationnelles et des qualités de communication. Je voulais les mettre à contribution dans la construction du monde de demain. Je me sens tout à fait solidaire des discours récents qui émergent sur la nécessité de désertion des jeunes ingénieurs et docteurs, si l’on veut un monde plus durable. Mais je suis aussi persuadé que, dans mon cas, le fait d’un jour être l’un des décideurs dans l’industrie me permettra de faire ma meilleure contribution à l’objectif commun. Dans mon poste actuel, je participe à l’élaboration et à l'exécution de la stratégie commerciale de l’entreprise. Je travaille à l’interface entre les usines, les réseaux commerciaux locaux, la R&D. Je “pousse” pour que l’inox puisse jouer son meilleur rôle dans la société - et je n’aurais pas pu le faire sans mon bagage scientifique.
Diriez-vous que tous les choix de carrière sont possibles après une thèse ?
Absolument. Je fais partie de ceux qui dénoncent les plafonds de verre et la fatalité des choix d’études. Un jeune docteur dispose de tous les outils nécessaires pour faire de sa carrière ce qu’il veut. Il faut être courageux, passionné, exigeant et persévérant pour faire une thèse et aller jusqu’au bout : il n’y a pas meilleur CV, quoi qu’on vise comme poste.