Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Pourriez-vous nous présenter votre parcours universitaire ?
Musicien depuis mon enfance, l’acoustique est une discipline avec laquelle je cohabite depuis de très nombreuses années. Lors de différents concerts je me suis rendu compte de l’effet que peut avoir une salle de spectacle sur la sonorité perçue par le spectateur. A l’heure du choix de mon parcours universitaire j’ai donc naturellement opté pour une filière Vibrations & Acoustique à Le Mans Université au sein de l’école d’ingénieur ENSIM (Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs du Mans).
A l’issu de cette formation, ma détermination m’a permis d’effectuer mon stage de fin d’études (6 mois) à l’étranger, en Allemagne. Tout au long de cette expérience j’ai pu acquérir une vision pratique du cursus théorique intégré jusqu’alors. Cependant des questions techniques / scientifiques restaient sans réponses car issues de normes ou non redémontrées au sein de mon service dans l’entreprise.
J’ai donc commencé à me renseigner sur la possibilité de réaliser une thèse de doctorat. Je n’étais pas fermé sur la thématique, cependant je voulais que cette expérience garde une orientation applicative concrète (en lien idéalement avec une entreprise). C’est donc financé par l’IRT Jules Verne (Nantes) que j’ai pu réaliser ma thèse de doctorat sur la caractérisation d’une méthode innovante de contrôle des vibrations dans des structures légères. Cette thèse financée par un ensemble de 7 industriels s’est déroulée au LAUM (Laboratoire d’Acoustique de l’Université du Mans)
Qu’est-ce-que le doctorat vous a apporté ? Comment cela se reflète sur votre travail quotidien ?
Le doctorat apporte la possibilité de travailler sur un sujet complexe pendant 3 années. La gestion de la charge de travail associée à ce sujet est de la responsabilité du doctorant, appuyé de son équipe encadrante.
Cette expérience m’a permis de mettre à profit ma curiosité et a développé une certaine confiance en moi dans l’engagement et la réalisation de travaux scientifiques. J’ai pu ainsi porter différents projets tout au long de ces 3 années. Il s’agit par exemple de la réalisation de prototypes d’expériences, d’analyses de résultats expérimentaux alliés à la mise en place de modèles analytiques, de gestions de groupes d’étudiants lors de projets liés à mon doctorat ou mon implication en tant qu’enseignant dans le cursus de l’ENSIM.
Au quotidien, cette gestion de long terme me donne l’avantage de pouvoir mener de front plusieurs sujets, mais aussi hiérarchiser les différentes thématiques afin de répondre aux besoins de l’entreprise / du client. La gestion de l’imprévu et l’adaptation continue sont aussi des compétences clés développées pendant la thèse de doctorat. En effet, les travaux liés à la recherche (campagnes expérimentales, développement de modèles mathématiques basés sur des observations physiques, écriture de résumés scientifiques, …) ont une planification initiale, qui dans la réalité doivent être ajustés constamment tout en gardant un objectif de résultat à une date clé = LA SOUTENANCE !
Quel poste occupez-vous aujourd’hui et en quoi votre doctorat vous est-il utile ?
Je suis actuellement Equipier de Fonctions Transverses chez NAVAL GROUP dans le domaine de l’acoustique. Mon rôle consiste à définir les niveaux de bruits admissibles (création de gabarits de bruits) par les matériels dans l’ensemble du navire. Naturellement, on ne va pas demander la même performance à un four à micro-ondes, vis-à-vis d’un moteur électrique de propulsion ou d’un pétrin de boulanger.
Tous les matériels du bord sont présents pour répondre à un besoin fonctionnel. Ce besoin entraîne une mise en service de l’équipement plus ou moins longue, les matériels ayant un fonctionnement continu étant souvent les plus indiscrets. L’exigence de performance acoustique transmise au fournisseur est donc importante, et est parfois partiellement atteinte. L’analyse de la performance de l’équipement du fournisseur (essais expérimentaux ou calculs numériques) permet de savoir s’il faut développer ou non des systèmes supplémentaires, permettant d’atteindre les objectifs de performance acoustique liés au matériel. La mise en place de plans d’actions, de groupes de travail, sur des solutions innovantes doit mener à la validation de la performance acoustique du matériel.
Un conseil pour les jeunes docteurs qui souhaitent s’orienter vers l’industrie ?
L’autonomie et la liberté d’action dont vous avez fait preuve pendant votre thèse de doctorat sont uniques et pourront être partiellement retrouvées en entreprise. En effet, l’objectif de résultat est beaucoup plus présent dans cette dernière et les délais de réalisation sont généralement plus courts.
Le domaine du naval de défense est cependant une exception concernant la durée des projets (25 ans qui se partagent entre le développement et la production). Cette durée s’explique par la très grande complexité d’intégration de l’ensemble des matériels dans un espace restreint pour lequel des exigences de résistances et des performances élevées sont ajoutées aux exigences fonctionnelles. Vous avez donc plus de temps pour réaliser un ensemble de tâches plus conséquentes.
L’exigence de performance dans ce domaine est extrêmement présente car l’endurance des navires est soumise à rude épreuve (les navires fonctionnent en continu pendant de nombreuses années). De plus, des marins sont embarqués sur ces navires et doivent être en sécurité maximum tout au long de la mission. Enfin, la performance du navire ne doit pas être remise en cause.
La capacité de synthèse du docteur ainsi que son analyse détaillée et son engagement lui permettent d’organiser son travail pour atteindre les nombreux objectifs liés à son poste tout en ayant en tête les futures innovations à proposer, argumenter et défendre. Cela lui permet de faire progresser techniquement son entourage par la relève constante de nouveaux défis.