Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Pourriez-vous présenter votre parcours avant la thèse ?
En 2012, j’ai commencé mes études en informatique au CNAM, sans savoir exactement où cela me mènerait. Mon objectif initial était simplement d’obtenir une licence et d’entrer sur le marché du travail.
Lors de ma deuxième année, un stage de deux mois en entreprise a été un tournant décisif : j’ai découvert le métier de développeuse et appris à chercher des solutions en ligne. C’est à ce moment-là que j’ai créé mon compte sur Stack Overflow, une plateforme essentielle pour les développeurs.
En troisième année, un autre stage m’a permis d’apprendre le développement d’applications mobiles Android. Cette expérience a renforcé ma passion pour mon domaine, car je voyais enfin les résultats concrets de mes études.
Après ma licence, j’ai décidé de poursuivre un master. En quatrième année, j’ai intégré une compagnie d’assurance en tant que stagiaire développeuse junior, avant d’y être recrutée pour cinq ans. J’ai travaillé sur des projets variés, exploré de nouvelles technologies et acquis une expérience précieuse qui m’a permis d’évoluer dans le développement. En parallèle, j’ai terminé mes études et obtenu mon diplôme d’ingénieure.
Tout au long de mon parcours, j’ai également donné des cours particuliers et des formations en entreprise, découvrant ainsi une passion pour la transmission du savoir. Pour moi, une bonne formatrice doit rester connectée au monde professionnel. C’est pourquoi j’ai choisi de faire un doctorat, avec l’ambition de devenir professeure à l’université tout en continuant à travailler en entreprise, afin de rester toujours à jour avec les évolutions technologiques.
En quoi consiste votre thèse en quelques mots ?
Dans ma thèse, j’ai travaillé sur la détection des liens (dépendances externes) existant entre plusieurs langages et entre différents logiciels. Ces liens ne sont pas visibles pour les développeurs, et en cas de modifications, des erreurs de compilation ou d’exécution peuvent survenir.
J’ai donc développé Adonis, un outil générique qui permet d’identifier les dépendances externes, qu’elles soient correctes ou incorrectes, en utilisant des motifs réutilisables. Je l’ai implémenté en Pharo, un langage de programmation orienté objet, et l’ai validé sur plusieurs projets open source et industriels.
En travaillant dessus, j’ai réalisé qu’il manquait un moteur de recherche capable d’effectuer des analyses sans être limité par le langage de programmation, la profondeur dans le code ou la complexité de l’emplacement des dépendances. Pour répondre à ce besoin, j’ai créé MoTion, un langage déclaratif de correspondance de motifs. Il permet de définir des motifs, d’identifier des objets et des structures de code, et d’utiliser des expressions régulières pour analyser du texte.
Quels ont été les éléments importants pour le succès de votre thèse ?
Je peux les regrouper en deux catégories : ce qui dépend de moi et ce qui dépend des autres.
Ce qui dépend de moi :
Faire une thèse est un véritable ‘challenge’, avec des hauts et des bas. Il est essentiel d’être préparé mentalement et de savoir rebondir face aux moments difficiles. Lorsqu’on traverse des périodes de doute, il faut savoir réagir et trouver la motivation pour continuer.
Il est aussi important d’être à l’aise avec le sujet de recherche, car il nous accompagnera pendant plusieurs années, et non seulement quelques mois ou semaines.
Ce qui dépend des autres :
Le suivi et les encouragements de mon encadrant ont joué un rôle clé. Nous avons mis en place une communication régulière : une réunion hebdomadaire pour synchroniser notre travail et une réunion semestrielle pour nous évaluer mutuellement, en tant que doctorante et encadrant.
Le soutien familial et amical a également été déterminant, tout comme les échanges avec d’autres doctorants. Enfin, l’environnement logistique a compté : avoir un studio confortable, pas trop loin du travail, et la possibilité de faire du télétravail ont facilité mon parcours.
Quel est votre poste actuel ?
Actuellement, je travaille en tant qu'ingénieure de recherche pour une entreprise spécialisée dans la création de logiciels. Je fais partie d'une équipe de recherche très dynamique qui se concentre sur des problématiques concrètes rencontrées par les développeurs de l'entreprise.
Dans le futur, j'envisage de commencer à enseigner à l'université, même pour quelques cours, comme je le faisais pendant ma thèse, afin d’accomplir ma passion pour l'enseignement.