Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview
Pourriez-vous présenter votre parcours avant la thèse ?
Après l'obtention de mon baccalauréat en mathématiques en Algérie en 2014, j'ai intégré l'École Préparatoire aux Sciences et Techniques d'Annaba, où j'ai acquis de solides bases en physique, chimie, algèbre et analyse. Cette formation représentait une étape idéale pour quelqu'un comme moi, animé depuis toujours par une curiosité insatiable. Tout m’intriguait : le fonctionnement des machines, l’allumage des lampes, ou encore le mouvement des objets. Chaque élément de mon quotidien suscitait des questions et renforçait ma fascination pour les sciences. Cette passion pour les sciences, la mécanique et l’électricité m'a naturellement orienté vers des études techniques, qui m'ont par la suite conduit vers une carrière d'ingénieur, où je pouvais explorer ces sujets tout en apportant des solutions innovantes.
A la fin de mes deux ans en école préparatoire, j'ai passé le concours d'entrée aux grandes écoles d'ingénieurs et j'ai été admis à l'École Polytechnique d'Alger. Cependant, je ne me sentais pas encore prêt à me spécialiser dans un domaine précis. J'ai donc choisi de poursuivre mes études à l'Université de Strasbourg, en France, où j'ai obtenu en 2020 un diplôme en mécatronique et énergie, une formation qui combinait plusieurs disciplines scientifiques et techniques.
C' est lors de mon stage de fin d'études au sein du groupe PSA que j'ai découvert le domaine des batteries Li-ion. Ce sujet m’a immédiatement passionné, et à la fin de ce stage, l'opportunité de poursuivre cette voie à travers une thèse CIFRE s'est présentée, une chance que j'ai acceptée avec enthousiasme.
Pourquoi une thèse CIFRE ?
La thèse CIFRE m'a offert l'opportunité unique d'évoluer simultanément dans les deux mondes, académique et industriel, et d'en découvrir les différentes perspectives. D'un côté, le cadre académique m'a permis de côtoyer des professeurs et chercheurs, experts dans leurs domaines, qui sont profondément orientés vers la science, l'innovation, et la rigueur technique. J'ai ainsi pu approfondir mes connaissances théoriques tout en travaillant sur des problématiques de pointe.
De l'autre côté, l'entreprise m'a plongé dans un environnement où la performance et les résultats concrets sont essentiels. Ici, l'accent est mis sur l'efficacité, la rentabilité, et la satisfaction des exigences du marché. J'ai découvert que les approches sont souvent plus pragmatiques et orientées vers les applications directes. Cette complémentarité entre l'académie et l'industrie m'a permis de développer une vision globale des défis techniques, mais aussi des contraintes économiques et opérationnelles.
En résumé, cette expérience m'a offert un équilibre précieux entre la recherche fondamentale et les enjeux concrets du secteur industriel, tout en me permettant d'acquérir des compétences pratiques, stratégiques, et théoriques
En quoi consiste ta thèse en quelques mots ?
Ma thèse porte sur la prise en compte des connexions électriques dans la gestion thermique d'un pack de batteries Li-ion. L'objectif est de démontrer que l'ajout d'une plaque de refroidissement en contact avec les busbars reliant les cellules permet non seulement de réduire le temps de charge, mais aussi de mieux contrôler la température et d'atténuer les gradients thermiques, aussi bien entre les cellules qu'à l'intérieur de celles-ci
Quel est votre poste actuel ?
Actuellement, j'occupe le poste d'ingénieur batterie chez Tiamat Energy, une entreprise innovante basée à Amiens, en France, spécialisée dans les solutions de stockage d'énergie basées sur la technologie des batteries sodium-ion. Mon travail consiste principalement à contribuer à la modélisation électrothermique des batteries, une étape cruciale pour optimiser leur performance et leur sécurité.
Dans ce cadre, je suis impliqué dans la réalisation d’essais expérimentaux afin de collecter des données précises sur le comportement des batteries dans différentes conditions. Ces données me permettent ensuite de paramétrer les modèles théoriques que je développe, afin d'assurer une validation rigoureuse. Ce processus de modélisation est essentiel pour prédire et améliorer les performances thermiques et électriques des batteries en conditions réelles.
En parallèle, je participe à la conception 3D des systèmes de stockage, une activité qui combine des compétences en ingénierie mécanique et en optimisation des configurations de stockage pour garantir l'efficacité et la robustesse des produits. Cette approche multidisciplinaire me permet d’avoir une vision globale du cycle de vie des batteries, depuis leur conception jusqu’à leur intégration dans des systèmes industriels.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
Pour un étudiant souhaitant faire une thèse, il est essentiel de bien choisir un sujet qui le passionne, car il s' y consacrera plusieurs années. Ce sujet doit être pertinent dans son domaine et offrir des perspectives de développement professionnel. Le réseautage est également crucial : dès le début, participer à des conférences, ateliers et séminaires pour rencontrer des chercheurs et des professionnels peut ouvrir des opportunités de collaboration et de financement. Un autre élément clé est de trouver un bon encadrant, disponible et compétent pour le guider tout au long du processus. Par ailleurs, il est important de se renseigner sur les diverses options de financement, qu'il s'agisse de bourses, de partenariats ou de financements publics. Tout au long de sa thèse, il devra trouver un équilibre entre autonomie et collaboration avec d’autres chercheurs, car ces échanges enrichissent souvent ses travaux.