Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview
Quel est ton parcours avant la thèse ?
Après un BAC scientifique, j’ai passé deux années en prépa PTSI-PT* à Lyon au lycée La Martinière Monplaisir. J’ai découvert les sciences de l’ingénieur (SI) et j’ai adoré. J’ai alors intégré l’ENS Cachan devenue ENS Paris Saclay aujourd’hui, dans le département de Génie Mécanique (DGM). J’ai beaucoup aimé approfondir mes connaissances des sciences, et en particulier des méthodes numériques au service de la technologie et de l’ingénierie.
J’ai toujours aimé transmettre, déjà au début du Lycée, je me souviens finir mes devoirs et aller aider les copains en maths, physique et SVT… J’ai eu l’opportunité de passer et d’obtenir l’agrégation de mécanique en 2008, mon avenir de professeur en CPGE se dessinait.
Pourquoi es-tu entré en thèse ?
La thèse me semblait une continuité évidente dans mes études, mais souhaitant depuis de nombreuses années enseigner, c’était aussi à l’époque le sésame pour obtenir un poste en prépa dès la première année d’enseignement. La question ne se posait donc pas ! J’en dirai plus tout à l’heure, mais je n’imaginais pas ce qu’elle m’apporterait.
Comment as-tu choisi le sujet/le laboratoire/le directeur de thèse ?
Je dois ce choix à ma marraine, Claudine NOGUERA, que je remercie encore. Claudine est aujourd’hui chercheuse émérite (CNRS) et nous avons toujours été proches par mon goût pour les sciences. Lorsque j’ai cherché, Claudine m’a mis en contact avec le directeur du laboratoire PIMM, qui m’a redirigé vers Gilles REGNIER (mon futur directeur de thèse), qui m’a présenté le laboratoire (LIM à l’époque), un sujet de thèse novateur sur la fusion laser pour l’impression 3D, le travail à accomplir (simulation numérique, études expérimentales de matériau et du procédé) et j’ai tout de suite été conquis. Je ne regrette rien !
Que peux-tu dire de cette expérience de thèse ?
Je ne m’attendais pas à toutes ces expériences.
J’ai découvert le monde du travail dans un laboratoire rapidement devenu conséquent après la fusion de 3 laboratoires qui mélangeaient les différents domaines de ma thèse (méthodes numériques, polymères, lasers). Je me suis investi dans la vie du laboratoire (organisation de petits déjeunes doctorants, sorties ski, tournoi de pingpong, accueil des nouveaux arrivants etc.) et me suis senti bien pendant les 4 années passées au sein du LIM/PIMM accompagné d’un formidable directeur de thèse.
J’ai pu mener mon projet à terme avec beaucoup de liberté dans mon organisation. J’ai fait beaucoup de simulation numérique sous Matlab (j’adore ça) et de la caractérisation expérimentale de matériaux (micro-tomographie, banc d’essai laser, DSC, rhéologie, tension de surface, etc.). J’ai pu encadrer des stagiaires élèves de l’ENSAM, côtoyer des chercheurs reconnus et passionnants, et dans le cadre d’une thèse de type FUI, j’ai côtoyé les entreprises Dassault, MBDA et Thales Alenia Space.
Je me suis aussi investi dans l’ADDAM, Association des Docteurs et Doctorants d’Arts et Métiers dont je suis devenu président, ce qui m’a permis de rencontrer la SOCE, l’AYA, et de participer aux différents conseils de l’école doctorale, de ParisTech, scientifique de l’ENSAM etc.
Je dois en oublier, mais c’est une expérience extraordinaire que je n’imaginais pas avant d’entrer en thèse.
Qu’est-ce que le doctorat t’apporte dans ton métier auprès des jeunes élèves de prépa ?
Il est difficile de dire ce que cela change explicitement, mais fondamentalement, je suis différent. Je peux quand même détailler quelques points intéressants.
Faire une thèse avant de me retrouver en classe me permet d’avoir un recul sur le monde du travail, en particulier dans les domaines scientifiques. Je sais ce que mes jeunes seront amenés à réaliser dans un avenir assez proche et je peux répondre à leurs questionnements à propos de leur avenir scientifique.
J’ai acquis des compétences importantes pour encadrer les travaux d’initiative personnelle encadrée (TIPE), petits projets de recherche des élèves de CPGE. Je sais leur parler de l’importance d’une bibliographie, du fait qu’un résultat non attendu et parfois décevant est un bon résultat qui servira aux autres pour savoir ne pas refaire la même chose. Je sais aussi les conseiller pour obtenir des réponses quand ils contactent des chercheurs ou des industriels.
Ayant programmé des méthodes numériques pendant quatre ans, j’ai acquis de solides compétences en programmation. Une nouvelle matière à fait son apparition en prépa quelques années après la fin de ma thèse : l’informatique pour tous (IPT), devenue informatique du tronc commun (ITC). J’ai alors pu m’investir dans cette matière qui représente aujourd’hui environ 1/3 de mes enseignements. Et je mets à profit mes connaissances scientifiques, mes compétences et mes capacités d’apprentissage autonome pour proposer de nouveaux sujets d’actualité et pointus à mes élèves. Les élèves adorent avoir des sujets dont ils voient quoi faire à court terme, ils y trouvent de l’utilité, et cela me plait.
Enfin, mon diplôme de docteur participe à une reconnaissance positive des élèves sur ce que je peux leur apporter du fait de mon expérience.
Que dis tu aux jeunes qui te demandent s’il faut faire une thèse ?
J’encourage tous les jeunes à qui je parle à faire un doctorat. C’est maintenant, quand il n’y a ni famille, ni contraintes, que les études doivent être réalisées. Quand je dis « études », cela me gêne, le doctorat, c’est bien plus, c’est une première expérience professionnelle (avec carte d’étudiant) très riche, assez souple, pleine de diversité et avec beaucoup d’autonomie, faut-il se prendre en mains.
Et j’ai découvert assez rapidement en thèse que le Doctorat est LE diplôme qui permet une reconnaissance à l’étranger.
Qu’est-ce que le doctorat t’apporte dans la vie de tous les jours ?
Je suis un scientifique assez pointilleux que le doctorat a confirmé. Je préfère citer les sources de ce que j’affirme plutôt que dire que je sais quelque chose qui n’est pas de moi. Je remets souvent en cause des affirmations non expliquées. Ce qui est dit doit être clairement dit et prouvable. Si je résume, la science est une affaire d’honnêteté avec sois même et avec les autres. Le doctorat a confirmé ce besoin d’honnêteté dans tous les domaines.
D’une manière générale, mon doctorat reste un extraordinaire souvenir auquel je pense régulièrement.
Le « CV » joue aussi son petit rôle, même si cela ne suffit pas, pour avoir une certaine crédibilité pour assumer des tâches à responsabilité. Il faut évidemment ensuite transformer la ligne du CV en réalité. Je suis aujourd’hui investi dans mon aéroclub dont je suis devenu président.
Pour finir, j’ai toujours aimé évoluer dans les sciences, que ce soit pour mes études, dans mon travail, et dans les loisirs tournés vers l’aéronautique. Vive la science 😊