Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Version Française
Pouvez-vous décrire le parcours qui vous a mené jusqu’au doctorat ?
Mon parcours est assez atypique, comportant les sciences appliquées comme point central. Etant roumaine d’origine, j’ai grandi dans un environnement où les sciences étaient un pilier très important de la formation. J’ai eu la chance d’avoir des parents scientifiques et également de rencontrer des professeurs qui ont su transmettre leurs leur amour des sciences, notamment en mathématiques et en physique. Cela m’a amené à étudier les mathématiques à Universitatea Bucuresti, en terminant par un DEA visant des applications en mécanique. En parallèle, du DEA j’ai fait de l’enseignement, à Universitatea Politehnica Bucuresti, ayant toujours le souci du partage et de la transmission des connaissances, nourri par la volonté de faire comprendre les maths et montrer leur intérêt dans la méthode de travail, l’aide à la résolution de problèmes et l’application dans la vie après l’Université.
J’ai eu l’opportunité de faire mon stage de DEA à Technische Universität München, ce qui m’a ouvert le goût des expériences à l’international, la curiosité de voir d’autres approches de la recherche et de la vie aussi. C’est ainsi que je suis arrivée en France, au CEMEF Laboratoire de l’Ecole des Mines de Paris à Sophia Antipolis, pour un stage en mathématiques appliquées à la mise en forme des matériaux. Le monde de la simulation numérique, ce pont entre les maths et la vie industrielle, m’a conquis très rapidement. Poursuivre en thèse a été une évidence quand l’opportunité s’est présentée à la fin de mon stage, pour travailler sur la modélisation des procédés de mise en forme à grande vitesse.
Qu’est-ce que la thèse vous a apporté ?
La thèse m’a permis tout d’abord d’intégrer un environnement de travail de très haut niveau, dont l’excellence et l’exigence étaient des valeurs fortes, qui nous forgent à vie. Cela a été pour moi, non seulement une expérience et un enrichissement technique, mais également une forte expérience humaine, par la force des rencontres, ainsi qu’une source de développement personnel. La thèse m’a apporté aussi un peu de fierté (pas excessive 😉) d’avoir pu contribuer au développement de la simulation numérique comme support indispensable à la vie industrielle.
J’ai toujours été très sensible à l’art - sur toutes ses facettes - source d’énergie inépuisable. Les années de thèse m’ont données l’occasion de découvrir et faire de la gravure une aventure artistique parallèle. Mes sources d’inspirations sont multiples, la beauté étant partout si nous voulons la voir, et j’ai toujours trouvé des sujets inspirants dans la science et plus particulièrement dans la métallurgie. L’art et la science vont main dans la main, nourris par la créativité !
Pour moi, une thèse est un vrai parcours initiatique, qui demande beaucoup d’implication, de travail (technique et sur soi-même), de la méthode, de la rigueur, curiosité et ouverture d’esprit, afin de franchir toutes les étapes (les hauts et les bas du travail et de la vie) et d’aboutir. On en sort grandi !
C’est une forte expérience de transition vers la vie professionnelle.
Après votre thèse, quel a été votre parcours ?
Après ma thèse, plutôt numérique, j’ai continué avec un post-doctorat au CEMEF, afin de compléter mon expertise sur les aspects expérimentaux et métallurgiques, en contribuant au développement de modèles d’évolutions microstructurales lors de procédés de mise en forme en multi-passes. Le travail réalisé dans un consortiums réunissant les principaux industriels de la métallurgie en France m’a poussé à poursuivre mon parcours en R&D, dans le monde des aciers. Tout d’abord, j’ai découvert les aciers spéciaux, chez Ascometal à Hagondange en Lorraine, en travaillant sur la simulation des traitements thermiques et des aspects métallurgiques associés. Depuis 2010, j’apporte ma contribution au développement continu des aciers électriques à grains orientés, chez theyssenkrupp Electrical Steel à Isbergues dans le Pas de Calais.
Si mon parcours a gravité autour de la R&D, les parcours après une thèse peuvent être très variés. La thèse révèle ou accentue des capacités et envies qui peuvent nous propulser où nous voulons, si nous nous accrochons.
Vous évoluez dans un milieu qu’on pourrait qualifier comme étant plutôt
« masculin ». Cela n’est-il pas difficile ?
J’ai souvent évolué dans des milieux plutôt « masculins » et cela n’a jamais été un frein, au contraire ! C’est très enrichissant, car nous pouvons avoir des visions et approches complémentaires qui permettent d’avancer en mettant nos forces en commun. Il est vrai, toutefois, que cela demande parfois un peu plus d’énergie et force de caractère, afin de se faire accepter ou de faire accepter son point de vue. Mais cela vaut la peine !
Les femmes ne sont pas assez représentées dans le domaine du STEM (Science-Technology-Engineering-Mathematics) et il est temps que cela change. J’encourage les jeunes femmes à intégrer ces milieux, elles pourront s’y épanouir et ainsi agrandir la voie pour de nouvelles générations de femmes dans le STEM. Elles pourront d’ailleurs s’appuyer sur les expériences des femmes qui apportent de plus en plus leur soutien via des associations telle que : Elles bougent, PWN (Professional Women’s Network), WomenInTech, ou d’autres.
English version
PhD … a real initiation and transition to professional life
Could you please describe your background?
My background is rather atypical, with applied sciences at its core. Being of Romanian origin, I grew up in an environment where science was a very important pillar of my education. I was lucky enough to have scientific parents and also to meet teachers who were able to pass on their love of science, particularly mathematics and physics. This led me to study mathematics at Universitatea Bucuresti, culminating in a DEA (post-graduate diploma) in mechanical applications. Alongside the DEA, I taught at Universitatea Politehnica Bucuresti, always with a view to sharing and passing on knowledge, fuelled by a desire to help people understand maths and demonstrate its value in terms of working methods, problem solving and application to life after university.
I had the opportunity to do my DEA internship at Technische Universität München, which gave me a taste for international experience and a curiosity to see other approaches to research and life too. That's how I ended up in France, at the CEMEF Laboratory of the Ecole des Mines de Paris in Sophia Antipolis, for a work placement in applied mathematics for materials forming. The world of numerical simulation, that bridge between maths and industrial life, won me over very quickly. It was obvious that I should go on to do a PhD when the opportunity arose at the end of my internship to work on modelling high-speed forming processes.
In terms of personal values, what did your Ph.D. journey add?
First of all, the thesis enabled me to work in a very high-level environment, where excellence and high standards were strong values that shape us for life. For me, it was not only an experience and a technical enrichment, but also a strong human experience, through the strength of the encounters, as well as a source of personal development. The thesis also gave me a bit of pride (not excessive 😉) in having been able to contribute to the development of numerical simulation tools as an essential support for industrial life.
I've always been very sensitive to art - in all its facets - an inexhaustible source of energy. My thesis years gave me the opportunity to discover engraving and printmaking as a parallel artistic adventure. My sources of inspiration are multiple, beauty being everywhere if we want to see it, and I have always found inspiring subjects in science and more particularly in metallurgy. Art and science go hand in hand, fuelled by creativity!
For me, a thesis is a real initiation, requiring a lot of commitment, work (technical and on oneself), method, rigour, curiosity and open-mindedness, in order to get through all the stages (the ups and downs of work and life) and to succeed. You grow from it!
It's a great transition experience into professional life.
Can you briefly describe your career path after PhD?
After my thesis, which was mainly numerical, I continued with a post-doctorate at CEMEF, in order to complete my expertise in experimental and metallurgical aspects, by contributing to the development of microstructural evolution models during multi-pass forming processes. The work carried out in a consortium bringing together France's leading metallurgy companies prompted me to pursue my R&D career in the world of steels. First of all, I discovered special steels at Ascometal in Hagondange in Lorraine, working on the simulation of heat treatments and the associated metallurgical aspects. Since 2010, I have been contributing to the ongoing development of grain-oriented electrical steels at theyssenkrupp Electrical Steel in Isbergues, Pas de Calais.
Although my career path has revolved around R&D, the paths taken after a thesis can be very varied. The thesis reveals or accentuates abilities and desires that can propel us wherever we want to go, if we stick with it.
Isn’t it difficult to advance in what could be call “a male environment”?
I've often worked in more 'male' environments, and that's never been a hindrance - quite the contrary! It's very enriching, because we can have complementary visions and approaches that enable us to move forward by pooling our strengths. It's true, however, that it sometimes requires a bit more energy and strength of character to get your point of view accepted. But it's worth it!
Women are under-represented in STEM (Science-Technology-Engineering-Mathematics) and it's time for that to change. I encourage young women to enter these fields, where they can flourish and pave the way for new generations of women in STEM. They will also be able to draw on the experience of women who are increasingly providing their support through associations such as Elles bougent, PWN (Professional Women's Network), WomenInTech and others.